Cette conférence a été donnée lors de la rencontre annuelle des musulmans de France RAMF 2012 au Bourget .
On vit
dans un monde noyé dans les troubles , les turbulences et l’incertitude.
Le mélange des civilisations et l’imbrication des cultures sont
accélérés par les moyens technologiques de communication et de
transport. Les crises sont aujourd’hui permanentes, alors qu’auparavant,
celles-ci étaient plutôt figées dans le temps. La problématique posée
par le recteur de la mosquée de Bordeaux est : Comment le musulman
va-t-il gérer et préserver sa foi dans ce monde inédit ?
Le
cheminement vers Dieu est un long voyage , et comme dans tout voyage, la
préparation des bagages reste une étape importante. Alléger leur poids
permettrait de rendre le voyage plus agréable et plus facile . Cette
image est reproductible à la foi qui ne doit pas être encombrée , car ça
risque de la perturber , au contraire elle doit être simple et allégée.
La foi musulmane est basée sur un dogme simple et profond .
Cette foi
ne doit pas rester émotionnelle, réactionnaire mais elle doit être
pensée, sinon celle-ci devient un moyen de perversion.
Le dogme
de la foi musulmane est basé essentiellement sur trois éléments :
l’unicité de Dieu, la Prophétie de Mohamed et la résurrection.
En
méditant sur ces dogmes et en les pratiquant intérieurement on
transforme le cœur. L’unicité de Dieu renvoie à l’unicité et la
singularité de l’être, car Dieu a crée l’homme à son image d’après ce
qui à été rapporté par Al Bukhari. Il faut donc que l’homme chemine vers
Dieu selon sa singularité, chacun selon son rythme .
La
Prophétie de Mohamed ne renvoie pas à l’identification au Prophète ,
mais il s’agit de se référer à lui à partir de sa propre personnalité et
sa réalité.
En croyant
à la résurrection , le musulman vît dans la perspective de l’éternité ,
la mort n’est plus perçue comme une expulsion du monde .
Puis
arrive la pratique qui n’est pas une condition de validité de la foi
mais une condition de son perfectionnement. Les pratiques , doivent être
au service de la foi, éclairantes pour le cœur , car il ne s’agit pas
d’une épreuve absurde. La plus simple et la plus pertinente des
pratiques est celle du perpétuel rappel de Dieu « Dhikr », car le
musulman n’a qu’un combat prioritaire, celui qui se situe en sa propre
âme.
La
meilleure « daawa » aujourd’hui c’est d’être à la hauteur de cette foi
et de cette pratique. Ainsi , le croyant rayonne la paix et la sérénité
et prend de la hauteur par rapport aux troubles de la vie et de la
société . Il ne s’agit pas d’une foi agitée et réactionnaire.
La foi se
protège , se partage et s’enrichit par l’altérité. L’humanité se
ressemble car l’ange quand il dépose le souffle de l’âme, il ne fait
aucune différence entre les humains. La foi est inscrite dans le corps,
et présente dans tout corps avant même l’arrivée de la religion, et
c’est l’influence de l’éducation et de la société qui l’éloignent de
Dieu.
En islam, la loi est au service de l’homme et du croyant.
« Nous ne t’avons envoyé qu‘en Miséricorde pour les Mondes. »
Les
interdictions ne sont que minoritaires. Cette religion doit tendre vers
la tradition Abrahamique plutôt que celle de Moïse, car le Prophète
Mohamed est venu alléger la loi de Moise .
Pour tout
musulman, il existe un projet qui est de tendre vers « Al ihsane »(le
perfectionnement) en passant par « el islam »(soumission à Dieu) puis
« el imane »(la foi) , cette avancée ne doit pas être perturbée par
l’actualité ni par les détails : « le diable est dans les détails ». La
surestimation des détails engendre des boulets normatifs qui empêchent
le croyant de cheminer vers Dieu sereinement .
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