Dounia Bouzar, anthropologue et auteure de La République et la burqa, les services publics face à l’islam manipulé (Albin Michel), décrypte la progression de la pratique du jeûne, un des cinq piliers de l’Islam. Selon un sondage IFOP d’août 2009, 70 % des quelque 5 millions de musulmans de France pratiquent aujourd’hui le ramadan, contre 60% en 1989.
Comment expliquer que le jeûne soit de plus en plus respecté en France?
C’est une accumulation de raisons religieuses, sociales, psychologiques. La plus importante est le fait que la génération de musulmans qui a grandi en France se sent chez elle. Ils vivent ici, ce sont des Français de confession musulmane. Leurs parents étaient discrets et cherchaient à mettre leur religion en veilleuse pour ne pas choquer leurs hôtes. Eux s’organisent pour pratiquer ouvertement. C’est une preuve de leur intégration même si c’est vécu par certains comme un refus d’intégration. Il y a d’ailleurs un gros malentendu à ce sujet.
N’y a-t-il pas aussi une forme de repli identitaire?
Plus les musulmans seront montrés du doigt, dans la rue ou dans les discours fascisants des politiques qui les considèrent comme des étrangers, d’une autre culture, plus ils vont s’accrocher à leur liberté de conscience. Et même à l’afficher pour la défendre, à mettre en avant leurs pratiques. Ils refusent l’idée qu’il faudrait ne plus être musulman pour être civilisé, pour être un vrai Français.
Le ramadan est tout de même une épreuve…
On montre qu’on est capable d’accepter la frustration, qu’on ne vit pas tant que ça accroché à la société de consommation où l’argent fait la loi. Le ramadan permet de prendre du recul. Cela plaît aux jeunes qui ont besoin de rituels pour devenir adultes. Il leur donne du sens.
Source: www.lejdd.fr
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