11 mai 2010

Un présumé polygame est-il plus dangereux que des islamophobes armés de kalachnikovs ?

Par Luc Chatel

Brice Hortefeux pourrait concourir au titre de ministre le plus nul de la Ve République (en concurrence serrée avec quelques gloires oubliées : Bernard Pons, Jacques Toubon…). À quelques jours de distance, il a pris deux décisions qui soulignent une politique de plus en plus distante à l’égard des Français, dont le ministère de l’Intérieur est devenu la marque depuis que Nicolas Sarkozy en a fait le lieu symbolique de son projet.

En définissant, avec les préfets concernés, les fameuses zones noires de Vendée et de Charente maritime où plus de 1 500 maisons devraient être détruites à la suite de la tempête Xynthia, le ministre a fait preuve d’un aveuglement fâcheux. Alors que la responsabilité de l’État et d’élus locaux semble avoir été engagée dans le passé en laissant construire en zones inondables, la moindre des choses aurait été d’aller à l’écoute des sinistrés, de faire preuve d’humilité et d’engager des discussions pour trouver une solution acceptable par tous. Au lieu de cela, on impose, on punit… et on apaise en envoyant des « délégués à la solidarité ».

Autre sujet, même dérive, avec la séquence qui s’est déroulée à partir de la contravention d’une automobiliste voilée. Il a suffi que le mari de cette femme prenne la parole pour que le ministre de l’Intérieur enquête sur sa vie et soulève une affaire de polygamie et de fraude, sans preuve, qui fait le régal des grands médias, des commentateurs et des moralistes d’opérette.

Qu’en ressort-il ? L’idée que le gouvernement méprise les Français, soit en ne les écoutant pas, soit en leur parlant de sujets secondaires, et qu’il joue sa partition sur une seule gamme, policière, d’autant plus sourde que la situation économique et sociale du pays lui échappe.

Djamel Dedra, président d’une association musulmane à Istres (13), aimerait sans doute que le ministre de l’Intérieur intervienne avec autant de vigueur dans sa commune. Les téléspectateurs ont pu l’apercevoir furtivement quelques secondes sur I-télé pour commenter la fusillade qui s’est déroulée dans la nuit du 24 au 25 avril. La mosquée de la ville a été la cible de tirs. Une vingtaine d’impacts ont été relevés par la police. Dans la même nuit, une boucherie halal de Marseille a été visée à la kalachnikov. Une trentaine d’impacts ont été relevés.

Mais il semble que ces hommes armés prenant pour cibles des lieux qui représentent l’islam ne préoccupent guère le ministère de l’Intérieur ni les médias, qui n’en parlaient toujours pas trois jours après les faits. Un présumé polygame est-il plus dangereux pour la société que des islamophobes armés de kalachnikovs ?

Source: http://www.saphirnews.com

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