11 janv. 2013

Communiqué : Bilan final de la campagne nationale du CCIF contre l’islamophobie

 

Le 31 octobre 2012, le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) lançait pour un mois la première campagne de communication nationale sur l’islamophobie, signée « Nous aussi sommes la Nation » (NSLN). Ce mois de mobilisation a permis au CCIF de sensibiliser les Françaises et les Français sur la pleine appartenance des français de confession musulmane à la Nation française, sur cette forme de discrimination et d’intolérance qu'est l'islamophobie, mais également sur les actions à engager pour lutter contre ce phénomène.

Le CCIF, ce sont des milliers de victimes aidées au cas par cas par nos équipes dans la défense de leurs droits, des rapports détaillés et circonstanciés dressant chaque année un état des lieux de l’islamophobie en France, plus de 700 adhérents et des dizaines d’associations partenaires, près de 60 volontaires mobilisés autour de la campagne NSLN, des procès gagnés qui créent des précédents dont tout le monde bénéficie, 10 antennes dans les grandes villes de France, une reconnaissance internationale et désormais institutionnelle, des partenariats universitaires, une indépendance totale dans le fonctionnement et dans les décisions.

Cette campagne « Nous aussi sommes la Nation » qui a duré un mois, a donc fait l’objet d’une évaluation complète, afin de mesurer l'impact qu'elle a eu auprès de la population et saisir les préoccupations de chacun sur le sujet.

Rappel des objectifs
Après un constat de 10 ans, qui a permis de mesurer la réalité chiffrée des actes islamophobes au quotidien, mais aussi d'analyser les dynamiques sociales, les discours et les préjugés qui la nourrissent, l’action du CCIF se fonde sur 3 grands objectifs principaux :
- Assister et accompagner les victimes dans leurs démarches (médiation, conseils juridiques, soutien psychologique…)
- Sensibiliser tous les acteurs à la réalité de l’islamophobie (grand public, institutions, médias, etc.)
- Faire reculer le nombre d’actes islamophobes
Outre le travail d’aide aux victimes mené de longue haleine par notre service juridique, il s’agissait avec cette campagne de communication de grande ampleur de travailler sur les clichés qui entourent les musulmans et l’Islam en France. La campagne est signée « Nous aussi sommes la Nation » pour réaffirmer l’appartenance des citoyens de confession musulmane à la communauté nationale française et l’importance des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité énoncées dans la devise nationale. Les Français musulmans font eux aussi partie de la Nation : de droit, mais aussi par leur sentiment d’appartenance, par leur contribution quotidienne et historique à la vie du pays. L'ensemble des messages de la campagne vise à ouvrir le dialogue. Nous avons conçu nos messages de manière à susciter le questionnement, la réflexion, la curiosité, la connaissance d’autrui, dans le respect de ses différences. Des différences compatibles avec les valeurs de la République. Cette campagne, pour lutter contre l’islamophobie, permet de mieux connaître les musulmans, dans leur diversité comme dans leur normalité, pour mieux les respecter.

Les messages conçus ont été déclinés sur plusieurs supports : affichage, spot radio, clip vidéo, site internet, tournée de conférences, opération de street marketing, notamment.
L’évaluation de l’impact de cette campagne s’est faite par le biais de plusieurs sources :
- Post-test publicitaire de la campagne d’affichage
- Analyse des retombées médias (TV, radio, presse, web)
- Analyse des visites du site www.noussommeslanation.fr
- Taux de fréquentation des conférences

Evaluation du dispositif

Affichage : Une cinquantaine d’affiches 4x3 ont été disposées sur le périphérique parisien (réseau JC DECAUX) durant une semaine pour une couverture minimale. Des affiches ont également été mises en place dans les abribus lyonnais. Les messages des trois visuels affichés sont perçus positivement par la majorité des personnes interrogées, qui y voient une représentation pacifiée de la diversité de la population française. Pour les personnes interrogées, à la vue de ces messages, « les musulmans sont comme tout le monde ». La campagne dans son ensemble a été perçue comme étant esthétiquement réussie et professionnelle. Pour les personnes interrogées qui avaient répondu n'être pas spécialement rassurées par l’Islam, le visuel "Une famille française" adoucit la perception de l’Islam. Rappelons que ces trois affiches ont également fait l’objet de vidéos explicatives, publiées sur le site www.noussommeslanation.fr pour approfondir le message véhiculé.

Web : Sur le site internet du CCIF www.islamophobie.net, près de 55 000 visteurs uniques entre l'opération "Pains au Chocolat" et la fin de la campagne, dont près de 30 000 sur toute la campagne. Sur le site www.noussommeslanation.fr, on compte près de 15 000 visiteurs uniques. Nous enregistrons par ailleurs plus de 25 000 vues sur YouTube pour le vidéo clip de campagne. Le hashtag #NSLN sur Twitter permettait de suivre le live-tweet des conférences et l’actualité de la campagne.

Radio :
Notre spot a été diffusé près de 250 fois, sur les ondes d'Europe 1 et de Beur FM mais également de plusieurs radios locales. Le spot du CCIF a eu ainsi près de 6200 secondes de diffusion (plus d'une centaine de minutes). C'est l'équivalent d'un match de football avec des prolongations !

Conférences :
Avec une quinzaine de conférences en France et deux au Royaume-Uni dans le cadre d'une action coordonnée sous le nom Islamophobia Awareness Month (IAM), plusieurs milliers de personnes ont pu connaître le CCIF et ses actions, avoir une présentation détaillée de la campagne et s’informer sur les actions à entreprendre pour lutter contre l’islamophobie. Le CCIF a ainsi pu tisser des liens très forts en allant à la rencontre des acteurs locaux (associations, municipalités, citoyens) qui souhaitent s’investir davantage dans la lutte contre l’islamophobie. Par ailleurs, 2 nouvelles antennes régionales ont été créées, à Angers et à Grenoble.

Retombées presse :
La campagne NSLN a fait l’objet de près d'une cinquantaine d'articles, reportages et quasiment autant d'interview sur les médias nationaux mais la véritable sollicitation est venue des médias étrangers, qui ont vraiment cherché à rentrer dans le coeur du message et de la représentation, intrigués par le fait qu'on puisse discriminer les musulmans en terre des Droits de l'Homme au point d'en rendre cette campagne nécessaire. Beaucoup ont dénoncé le silence des médias français, qui depuis s’activent à faire des séances de rattrapage sur l’islamophobie, avec des résultats plus ou moins heureux…

Réactions du public :
plusieurs centaines de messages de soutien, de personnes d'horizons très différents. Des musulmans, mais aussi des non musulmans, prenant pour la première fois conscience de l’islamophobie, et convaincus que le pays doit tirer bénéfice de la diversité des individus qui le constituent, y compris religieuse. Nous avons également reçu des sollicitations et messages de soutien de professionnels de la communication et de la publicité, de l'audiovisuel suite au refus de la régie publicitaire de la RATP de diffuser notre campagne dans le métro parisien. Parmi les témoignages reçus, provenant de Français de confession musulmane ou non, la campagne a été jugée agréable et efficace.

Conclusion

Cette campagne a permis au CCIF de se faire connaître comme un acteur oeuvrant pour l’intérêt collectif et le respect des droits de chacun. Par définition, une campagne de communication n’a pas vocation à refléter exhaustivement notre réflexion sur l’islamophobie, notre travail et notre vision de la France.

Elle conditionne le fait qu’un message soit audible ou non. Elle prépare des esprits matraqués par des clichés infondés, véhiculés quotidiennement dans les produits culturels, les discours politiques, le traitement de l’information à recevoir dorénavant un message différent, plus proche de la réalité. Elle prépare au dialogue que le CCIF a fait le choix d’entamer sur ce phénomène qui détruit des milliers de vies ici dans notre pays.

Mais ce qui nous préoccupe par-dessus tout et retient toute notre attention, c’est le pic de sollicitations de victimes et notamment l’augmentation sans précédent du nombre d’appels reçus de leur part dès le coup d’envoi de cette campagne. Cela révèle une véritable détresse : il existait des victimes d’islamophobie qui ne savaient pas vers qui se tourner et qui désormais savent que le CCIF est là pour elles. Ces efforts fournis n’ont donc pas été vains.

Enfin, pour finir, le CCIF remercie toutes celles et tous ceux qui ont rendu cette campagne possible. Toute cette détermination, ces encouragements, mais également ces critiques vont permettre à une équipe plus motivée que jamais à continuer ce travail d’assistance et de sensibilisation qui dure depuis une décennie.


Source : www.islamophobie.net/

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