Les religions de France s'unissent contre le débat sur l'islam

Les représentants des six grandes religions de France sont revenus à la charge mercredi pour dire non au débat sur la laïcité et l'islam, voulu par le parti du président Nicolas Sarkozy et prévu par son parti, exprimant leur inquiétude dans un texte commun.

Dans une tribune rédigée «sans aucun esprit polémique ou partisan», les représentants des catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes de France ont rappelé que «la laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble».

«Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis», mettent-ils en garde, en estimant «capital, pendant cette période pré électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation».

«Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (...) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul?», s'interrogent-ils dans cette tribune publiée par le quotidien La Croix.

Mi-février, le président Sarkozy a incité son parti UMP (droite) à lancer un débat sur la laïcité et la place de l'islam dans la société française.

Cette idée a été immédiatement reprise par l'UMP qui a prévu d'organiser, le 5 avril, un débat sur «la laïcité, la place des religions, et en particulier l'islam».

La communauté musulmane (entre 5 et 6 millions de personnes) avait déjà exprimé ses inquiétudes concernant ce débat qui enflamme la classe politique et la majorité de droite, à treize mois de la présidentielle de mai 2012.

Certains responsables de la droite y voient le signe d'une «droitisation» de Nicolas Sarkozy et craignent qu'il ne légitime l'extrême droite, qui vient de réaliser une percée dans des élections locales.

Les responsables des six religions se disent prêts à «réfléchir» avec «les autorités et les forces vives de notre pays, afin que le facteur religieux y soit un élément de paix et de progrès».

Mais, ajoutent-ils, «l'accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous électoraux importants pour l'avenir de notre pays, de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables».

Source : www.cyberpresse.ca