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A partir de lundi 11 avril, la France devient l’un des seuls pays au monde, avec la Belgique, où le port de la burqa dans la rue constitue une infraction. Par souci d’efficacité, le législateur a opté pour une formulation très large. « Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage », dispose le texte voté le 11 octobre 2010.
Simple en théorie, qu’en sera-t-il dans la pratique ? Après une période « pédagogique » de six mois durant laquelle aucun procès-verbal ne devait être signé, c’est dans un climat d’improvisation que paraît s’ouvrir la phase d’application.
À la mairie de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en fin de semaine dernière, personne n’avait l’air au courant de la nouvelle loi. Des centaines d’affiches éditées par le gouvernement sont restées enfermées dans les cartons.
« La République se vit à visage découvert », dit le slogan. « On n’a reçu aucune instruction », avouait une employée de l’accueil. Toutes les administrations sont en principe concernées. Mais, comme à l’hôtel de ville de Saint-Denis, le bureau de poste de la rue de la République a oublié les affiches officielles. À l’adresse des usagers, on s’en tient encore au dessin d’un casque de moto barré !

Des affiches à télécharger

Concernant l’application de loi, la mairie de Vénissieux n’exprime aucune inquiétude puisque certains services ont depuis longtemps affaire à des personnes se dissimulant le visage. « La première période sera une période de pédagogie auprès des individus concernés », commente Éric Zuber.
Seule différence « avec l’entrée en vigueur de la loi, rappelle-t-il, aucune prestation de service public ne sera délivrée par les équipes municipales aux personnes en état d’infraction ».
Depuis le vote de la loi, deux circulaires ont été rédigées en mars par Matignon et le ministère de l’intérieur. Ces textes rappellent que dans toutes les administrations, le chef de service est « responsable du respect des dispositions de la loi » en particulier pour adapter les règlements intérieurs.
Pourtant, là aussi, l’effort de sensibilisation semble avoir été limité. Le directeur d’un hôpital du Val-d’Oise qui préfère garder l’anonymat précise qu’il n’a pas l’intention de faire la police. « La priorité reste les soins » estime-t-il.

Pas question de créer des brigades anti-burqa !

Avant d’ajouter : « J’espère que les choses sont claires pour les autorités : notre rôle est de transporter les usagers en toute sécurité pas de faire la police. »
Lors de la présentation de la circulaire de Matignon, les conseillers du premier ministre précisaient que les forces de police procéderont à d’éventuels contrôles dans le cadre de leurs missions ordinaires sur la voie publique. Pas question de créer des brigades anti-burqa !
« Cela ne va pas être une des priorités de mes collègues, commente Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance. Il ne s’agit que d’une contravention, la catégorie d’infraction la moins grave. » Comme pour n’importe quelle entorse à la loi, la verbalisation d’un individu découle de la libre « appréciation » du fonctionnaire de police.
Et les policiers comptent bien faire preuve d’un « grand discernement » explique le syndicaliste qui insiste sur la « dangerosité » de ce type d’intervention dans des « quartiers sensibles ».

Tous les lieux publics

Dans le centre de Saint-Denis, le gérant d’un Franprix n’a pas reçu de note interne de sa direction et exclut totalement de prévenir la police : « Pour me faire casser les dents à la sortie ? Merci bien. Je pense à ma sécurité avant tout », avoue le commerçant.
« Je suis là pour soigner les gens, pas pour les juger », ajoute un pharmacien qui n’interdira pas l’entrée à une femme entièrement voilée.
Source : www.la-croix.com
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