25 déc. 2010

Islamophobes décomplexés

Une affiche de Riposte Laïque   Copyright : DR

Les Assises sur l'islamisation de l'Europe se sont réunies le 18 octobre à Paris, à l'appel d'une étrange alliance allant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite. Sous couvert de défendre la laïcité, ce colloque était surtout un plaidoyer contre la religion musulmane. Reportage.

Affiches « ni charia ni burka », drapeaux bleu-blanc-rouge et croix de lorraine ornent une salle bondée de personnes plutôt âgées. Les organisateurs comptabilisent 1 053 entrées à l'Espace Charenton, dans le XIIe, où sont organisées les Assises.

Quelques types costauds circulent dans les travées. Sur la table de presse, on retrouve les publications de Riposte laïque, comme La colère d'un Français ou Les dessous du voile. Les militants du Bloc identitaire, autre groupe organisateur, se chargent du service d'ordre.

La conférence fait se succéder des sujets aussi divers que « l'islam est-il différent de l'islamisme ? » ou encore « considérer l'islam seulement comme une religion : un piège mortel ». Défilent à la tribune des personnes qui se présentent comme experts des religions. Un syndicaliste de Force Ouvrière présente « l'offensive de l'islam dans les entreprises ». Une « féministe » critique « le voile contre le droit des femmes ».

Entre midi et deux, le public se rassasie autour d'un « casse-croûte saucisson pinard ». Pierre Cassen, directeur de Riposte laïque, se félicite « d'un tel pluralisme ». Et cite l'intervention d'un jeune kabyle pour appuyer ses propos.

Voulue internationale, la manifestation rassemble des intervenants venus de toute l'Europe et même des États-Unis. La star de la journée, c'est Oskar Freysinger, le représentant de l'UDC suisse, connu pour avoir été un des initiateurs des référendum sur les minarets et sur l'expulsion des étrangers délinquants.

C'est sa première intervention publique en France. Extrait de son intervention : « La situation en Suisse n'est pas aussi dégénérée qu'en France. Nous, on a très peu de burkas. » Entouré dès son entrée d'une cohorte de journalistes, le député suisse est ovationné à la fin de son discours par un public debout.

Le Bloc identitaire, qui veut présenter un candidat à la présidentielle de 2012, Arnaud Gouillon, est un groupuscule d'extrême-droite similaire à la Ligue du Nord en Italie. Il s'est créé sur le reste d'Unité radicale, un groupe dissout après la tentative d'assassinat de Jacques Chirac par un de ses membres, le 14 juillet 2002.

« ISLAMO-GAUCHISTES »

Riposte laïque est la recomposition d'anciens de ReSPUBLICA, « journal de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale » autour du controversé Pierre Cassen, son directeur. C'est un ancien adhérent de la CGT du livre et de la LCR. Aujourd'hui, il se définit comme « un homme qui a des valeurs de gauche » et qui ne se reconnaît plus « dans les dirigeants de gauche ».

Les deux organisations avaient précédemment fait parler d'elles en organisant un « apéro géant saucisson pinard », le 18 juin 2010. La date n'était bien sûr pas anodine : elle marquait leur « lutte commune contre l'islamisation dans l'esprit du Conseil national de la Résistance ».

Le Bloc identitaire regrette que des membres de la droite parlementaire aient choisi de ne pas venir : Xavier Lemoine et Christian Vanneste, tous deux députés UMP, avaient été annoncés. Le premier avait par ailleurs plaidé pour « la fin du cordon sanitaire » entre la droite et l'extrême-droite.

Pierre Cassen, qui affirme que le Bloc identitaire « n'est pas d'extrême-droite », considère qu'une partie de la gauche collabore avec les « islamistes » :

« Les islamo-gauchistes, ce sont des personnes qui se réclament de la culture d'extrême-gauche et qui relaient et accompagnent l'offensive des islamistes en France. Ceux qui défendent le voile à l'école, défendent les musulmans priant rue Myrha, ceux qui traitent de laïcards et de racistes tous les laïcs qui cherchent à préserver la séparation du religieux et du politique. Ceux qui font « croa-croa » quand ils parlent du Vatican et qui disent que l'islam est une religion de paix et d'amour, qui sont les partisans du deux poids - deux mesures. »

A la fin du meeting, les organisateurs ont adopté un texte, le Manifeste de Paris, qui appelle à résister contre le « totalitarisme islamique, sexiste et homophobe, qui cherche, par la démographie et l'intimidation, à faire disparaître une civilisation humaniste ».

Malgré la demande d'interdiction formulée par la mairie de Paris, la préfecture de police a laissé se tenir ces assises à l'Espace Charenton, dans le XIIe arrondissement. Le quartier était bouclé par la police, tenant à distance les contre-manifestants rassemblés quelques centaines de mètres plus loin, où étaient présents le Parti de Gauche, le NPA, les Indigènes de la République, SOS-Racisme, ou encore Ligue des Droits de l'Homme, réunis pour dénoncer « l'islamophobie ».

Source: www.temoignagechretien.fr

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