Selon un sondage récent, 35% des Allemands se sentent « submergés » par les étrangers et souhaitent leur départ. Une tendance forte qui explique sans doute pourquoi la chancelière allemande Angela Merkel a osé, samedi dernier, devant les jeunes de son parti, la CDU (Union chrétienne-démocrate, conservatrice), déclarer que l’approche multiculturelle de l’immigration avait « totalement échoué ».
La coalition a du plomb dans l’aile
Avec ce discours, elle a brisé un véritable tabou dans ce pays ou vivent plus de 6 millions d’étrangers, dont beaucoup venus de Turquie, et donc musulmans. Ce débat, dans un pays marqué par le passé nazi qui lui fait en général aborder avec d’infinies précautions le problème des étrangers et des minorités, a en fait flambé dès fin août. Au moment où Thilo Sarrazin, membre du directoire de la Banque centrale allemande, figure importante du SPD (Parti social-démocrate, gauche), a publié « L’Allemagne court à sa perte ». L’ouvrage dénonce un « déclin de l’identité culturelle » allemande. Déclin qui s’accompagnerait, selon l’auteur, d’une « inquiétante » montée de l’islam, dont les représentants vivraient repliés sur eux-mêmes. Situation d’autant plus grave selon le banquier que les Allemands vieillissent et ne font plus guère d’enfants, contrairement aux « étrangers ».
Les idées exprimées par Sarrazin sont immédiatement condamnées : il doit démissionner de son poste à la Banque centrale et son parti entame une procédure d’exclusion. Il n’empêche, son brûlot est devenu un best-seller : 600 000 exemplaires vendus en deux mois! Si l’ouvrage a contribué à créer un climat détestable, nombreux se félicitent qu’il ait osé écrire ce que beaucoup pensent tout bas.
Ces tensions surviennent au moment où Angela Merkel, réélue en 2009, subit une grave chute de popularité. Et cela malgré le redressement spectaculaire de l’économie allemande. La coalition qu’elle a formée avec les libéraux a du plomb dans l’aile. Selon un sondage de l’institut Forsa, elle ne recueillerait plus que 33% des intentions de vote. Les écologistes sont donnés grands favoris de la prochaine élection régionale, qui doit avoir lieu en mars en Bade-Wurtemberg. Une défaite à Stuttgart serait pour Merkel une catastrophe qui risquerait de lui faire perdre la présidence de la CDU… donc son poste de chancelière. Du coup, nombre d’observateurs allemands estiment qu’avec sa déclaration fracassante sur les immigrés, au parfum populiste, Angela Merkel essaie de donner des gages à la frange dure de l’électorat chrétien-démocrate.
Source: www.leparisien.fr
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