8 oct. 2010

Ces pauvres musulmans en France, si riches aux Etats-Unis

La polémique entourant la construction d’une mosquée à New York et l’appel à brûler des exemplaires du Coran ont récemment trouvé un grand écho dans la presse, nourrissant l’image d’une islamophobie grandissante au Etats-Unis. Une idée qui s’avère cependant erronée dans une Amérique qui a depuis longtemps fait une place à ses communautés musulmanes.

Réalité frappante, aux Etats-Unis la stigmatisation montante de l’islam découle surtout d’une récupération politique en vue des prochaines élections. C’est ce processus que le rédacteur en chef des informations religieuses à l’agence Reuters, Tom Heneghan, est venu expliquer dans les locaux de l’association Plateforme la semaine dernière. Les polémiques autour de l’islam sont alimentées en vue des élections du 2 novembre 2010, assure le conférencier. Lors de ces élections de mi-mandat, les Américains se présenteront aux urnes pour renouveler bon nombre d’importants élus. C’est à la suite des réactions qu’ont suscitées les attaques du 11 septembre que certains partis ont décidé d’exploiter « une veille tradition politique de rejet aux Etats-Unis qui vise ceux qui ne sont pas complètement américains », a affirmé le conférencier, ajoutant que certains partis ont trouvé là une brèche car « l’Amérique était blessée et attaquée ». Le mouvement Tea Party, par exemple, a saisi cette occasion. Ils ont utilisé volontairement les termes abusifs de « mosquée de la victoire » et « mosquée Ground zero » (épicentre d’un tremblement de terre, ndlr) pour qualifier le projet de construction du centre islamique de Manhattan, critique M. Heneghan. L’affaire du prêcheur d’une petite communauté en Floride qui déclarait vouloir brûler le Coran suit la même logique, signe d’un débat politique qui est devenu assez primaire, regrette M. Heneghan, mais assurant que c’est parce que beaucoup d’Américains n’ont pas encore pris politiquement position : « c’est ça le business. Tout ça est lié aux élections. »

Des musulmans américanisés

Malgré cette stigmatisation, les musulmans américains sont bien intégrés. « Ils sont bien américanisés », précise le conférencier, ajoutant que « 60% ont au moins un bac+4 et beaucoup ont des doctorats ». Aux Etats-Unis, note M. Heneghan, « 20% des musulmans gagnent plus de 100.000 dollars par an ». Parmi les 4 à 5 millions de musulmans que comptent les Etats-Unis, « beaucoup sont médecins, scientifiques, ingénieurs et spécialistes en finance et en informatique ». Avant le 11 septembre, les musulmans étaient, pour les Américains, des immigrés modèles. Si les attentats ont abîmé cette image, le rejet reste donc relatif et plus ou moins important selon les Etats et les villes. « Le premier musulman que rencontrait un américain, c’était son nouveau médecin ou un spécialiste informatique » a ajouté M. Heneghan. Ces diplômés ont avant tout bénéficié d’un procédé d’intégration qui se fait par le bas : « pour être Américain : il faut travailler, avoir un sens de la famille, payer les impôts et respecter la loi. S’ils font ça, c’est ok. » C’est la forte tradition de liberté religieuse, fondamentale aux Etats-Unis, qui a aussi facilité cette intégration. Le troisième président des Etats-Unis Thomas Jefferson possédait un Coran, nous a révélé M. Heneghan. C’est d’ailleurs sur cet exemplaire qu’un élu musulman posa la main pour prêter serment lorsqu’il intégra le Congrès il y a quelques années. D’ailleurs, comme à New York où aujourd’hui un fort dialogue interreligieux est installé, « dans les grandes villes, l’islam fait partie du quotidien » a terminé M. Heneghan.


Source: http://fr.zaman.com.tr/

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