16 mai 2010

Le film "Hors la loi" : entre polémique et appel au calme


Il y a comme un brin de nostalgie française dans l’air, à la perspective de la présentation officielle à Cannes, le 21 mai, sous la bannière de l’Algérie, du dernier film de Rachid Bouchareb !

Une nostalgie qui cède à une hyper-émotivité passionnelle savamment entretenue au cours de ces derniers mois, et qui se substitue à toutes les avant-premières en brodant un scénario revisité, et affublé des vilains mots de « négationnisme et d’esprit négatif ».

L’esprit pour le coup très mal tourné du député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, s’empressant de monter sur les barricades de la République pour la défendre d’un prétendu « révisionnisme » en marche, n’est que le nouveau rebondissement du film d’épouvante français à grand spectacle, qui n’a pas attendu le festival de Cannes pour être largement projeté.

Alors que jeudi dernier, depuis Los Angeles où il s’attèle à un nouveau projet, le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb tentait de rasséréner des « passions » enflammées de manière irresponsable, insistant sur le fond de ce qui est avant tout une saga familiale, mettant en scène "l’histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l’indépendance de l’Algérie en 1962", douze intellectuels dont sept historiens ont dénoncé de leur côté un "retour en force de la bonne conscience coloniale", tandis que la Ligue des droits de l’homme (LDH) s’insurgeait contre les "pressions" exercées sur les financeurs du film et le festival.

Au micro d’Europe 1 dimanche matin, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand a pour sa part estimé que "la liberté de créer doit rester complète", concédant qu’ "On ne peut pas parler sans passion de la guerre d’Algérie", tout en soulignant "Mais Ce n’est pas un film d’histoire, c’est une fiction".

Il y a des films, en France, dont la thématique serait donc à elle seule une bande annonce qui suffirait à condamner une oeuvre au bûcher ? Si ce n’est pas la tentation de Venise, cela ressemble fort à la dangereuse tentation de la censure…

Rendez-vous pris le 21 mai prochain pour une montée des marches qui fait déjà sensation, sous les crépitements redoublés de tous les flashes.

Source: www.oumma.com

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