Par Mohamed Imara
Le terme tolérance, selon la notion arabo-islamique, signifie générosité c’est-à-dire le fait de donner sans limite. Il renvoie également à l’indulgence et à l’esprit de conciliation d’une personne sans attendre aucune contrepartie ni récompense.
Dieu -gloire à Lui- a légiféré la notion de tolérance dans le but de guider les êtres humains et servir leurs intérêts légitimes. Les objectifs de la religion islamique consistent à satisfaire les besoins et nécessités de la société humaine. L’état de perfection de l’humanité réside dans la vie d’ici-bas et dans l’au-delà, Dieu -gloire à lui- se passe des créatures auxquelles Il a fixé la bonne conduite perpétuelle, et qu’Il a comblées de tolérance et de générosité illimitées et sans contrepartie.
L’Islam est, par conséquent, une religion où il n’y a pas de place pour le clergé exploitant les gens en échange de leur enseigner les préceptes de leur religion.
En effet, le musulman apprend directement ce qui se rapporte à sa religion d’Allah sans compensation, il se repentit et revient à Dieu directement, et sans intermédiaire ni redevances.
La tolérance est ainsi devenue une qualité intrinsèque de l’Islam et l’une de ses caractéristiques. C’est aussi une qualité réelle qui s’incarne dans sa communauté, sa civilisation et son Histoire et elle n’a jamais été de simples “idéaux” irréalisables. Le prophète, prière et salut soient sur lui, a dit “je suis envoyé avec l’Islam de tolérance” et il a dit aussi “la religion la plus aimée d’Allah c’est l’Islam tolérant”.
Avant l’Islam :
Parler de la tolérance de l’Islam n’est pas une idée nouvelle, et il en est de même pour l’établissement d’une comparaison entre la tolérance de l’Islam et celles des autres systèmes religieux, philosophiques et civilisationnels.
L’objectif de cet article est d’exposer une nouvelle idée au niveau qualitatif par rapport aux écrits réalisés à ce sujet. A travers les fondements, les principes et les règles islamiques, et à travers leur mise en application dans la civilisation et l’Histoire islamiques, ces pages essayent de prouver que la tolérance a fait son entrée dans l’Histoire humaine avec l’apparition de l’Islam et qu’elle a atteint un niveau distingué hors de pair dans les autres religions.
L’Islam était apparu par l’entremise de Mohamed Ben Abdallah -paix et salut sur lui- alors que le monde ne connaissait pas de religion ni civilisation reconnaissant l’Autre ou vivant en paix avec les autres.
En fait, le Judaïsme talmudique s’est transformé en “religion raciste”. L’Ancien Testament stipule que les juifs sont le peuple élu de Dieu, et sont ses enfants aimés de Lui et ce grâce à leur naissance, leur origine, leur sang, et leur race et non pas à leur attachement aux préceptes de la religion, ni leur droiture ou leur dévotion. Le même Testament leur montre que leurs relations avec les autres - tous les autres - doivent être régies non seulement par la haine, la malédiction et le déni mais bien plus, les Juifs doivent “dévorer” les autres peuples car l’anéantissement des autres est pour eux, une mission divine : “… maintenant tue tout mâle parmi les petits et toute femme dont tu as connu l’homme avec qui elle a couché” (Nombre - 17 : 31) “Puisque tu es le peuple sacré de Dieu ton Seigneur. Toi que Dieu, ton Seigneur, a choisi pour que tu sois son propre peuple plus que les autres peuples sur terre … tu es béni plus que tous les autres peuples ……..tu manges tous les peuples que ton seigneur met sur ton chemin ……n’aie aucune pitié d’eux” (Deutéronome - 7 : 6, 7, 14-16) .
Le saint Coran a fait une description de ce racisme juif, qui dénie tout Autre quel qu’il soit, et qui dénie aussi son droit à la dignité et même à l’existence. Le saint Coran dit : “Tout cela parce qu’ils disent “pas de voie contre nous pour les Gentils. Et ils disent le mensonge contre Dieu, alors qu’ils savent”(La famille d’Amram : 75).
“Or, juifs et Nazaréens disent : “Nous sommes les enfants de Dieu et ses amis” (Le plateau servi : 18).
“Et les Juifs disent : "les nazaréens ne tiennent sur rien” (La vache : 113).
“Et ils ont dit : “Nul n’entrera au paradis que Juifs ou Nazaréens” (La vache : 111).
Le Christianisme a riposté au reniement du Judaïsme par un autre reniement, en appliquant à l’encontre des Juifs le principe injuste qu’il a inventé et faussement attribué à de Dieu, en ce sens qu’ils prétendent que Dieu châtie la descendance pour les péchés des ancêtres durant quatre générations.
Pour les Juifs, Dieu ne pardonne pas mais au contraire Il fait assumer aux enfants les conséquences des péchés commis pas les parents jusqu’aux 3e et 4e générations (Nombre - 14 : 18) .
De son côté, le christianisme a toujours adopté ce “principe” injuste à l’égard des Juifs. Ainsi les chrétiens, dans leurs prières, ne cessent-ils pas de maudire toutes les générations des Juifs, à cause de l’attitude de leurs ancêtres à l’égard de Jésus-Christ (paix sur lui) .
Le saint Coran à évoqué le déni des Chrétiens à l’égard de l’Autre en relatant leur appel à ce que le salut, le paradis et la délivrance soient une exclusivité chrétienne :
“Et ils ont dit “Nul n’entrera au paradis que Juifs ou Nazaréens” (La vache : 111).
“Et les Nazaréens disent : “les Juifs ne tiennent sur rien” (La vache : 113). Ce reniement réciproque se matérialisait, dans la pratique, sous forme de révolutions et de persécutions que recèlent les livres d’Histoire là où vivaient Juifs et Chrétiens.
Les mêmes reniement, mépris, persécutions et déshumanisation de l’Autre ainsi que la spoliation de ses droits humains, sont les produits de la civilisation occidentale dans son début grec et au cours de son développement sous le règne romain.
A Athènes -à qui on attribue la naissance de la démocratie- celle-ci était monopolisée par une minorité de chevaliers nobles propriétaires, qui se réunissaient à la place d’Athènes pour exercer la démocratie et jouir des droits qu’elle procurait. Quant aux autres humains, il étaient, selon eux, des barbares et sauvages n’ayant aucun droit à la démocratie ni une quelconque part aux droits de l’homme !
La même situation prévaudra sous le règne romain, car même si cette civilisation a innové dans le domaine juridique avec le code de Justinien (527-565), ladite loi profitait uniquement aux nobles chevaliers et aux couches de haute naissance romaines, alors que les autres peuples étaient considérés par eux des (barbares) auxquels il ne fallait pas appliquer la loi des seigneurs de Rome.
Et parmi d’autres cas de reniement qu’a connu le monde, avant et au cours de l’apparition de l’Islam, nous citerons le cas de l’Égypte où les - partisans (d’Akhnature) (1380-1358) avant J.C) persécutaient ceux de dieu (Amon). Une fois devenus vainqueurs, ces derniers leur rendirent le mal qu’ils leur faisaient subir.
Avec l’apparition du Christianisme et son entrée en Égypte au 1er siècle de l’ère chrétienne, cette religion s’est confrontée à un reniement violent et à des persécutions qui se transformaient parfois en massacres perpétrés par les païens romains colonisateurs et les païens d’Égypte. Ces actes de persécution ont atteint leur paroxysme sous le règne de l’empereur (Dacledianos) (245-313) qui fit des Chrétiens une nourriture des lions et poissons et du bois à brûler ! au point que les Chrétiens d’Égypte rapportent ces actes et qualifient l’époque de cet empereur d’“ère des martyrs” (34) .
Et lorsque l’État romain embrassa le Christianisme sous le règne de l’empereur Constantin (274-337), les chrétiens -romains et égyptiens- persécutaient les païens d’Égypte, démolissaient leurs temples, lynchaient et massacraient leurs philosophes, brûlaient leurs bibliothèques et endommageaient les monuments historiques égyptiens dont certains avaient été transformés en églises ou couvents, au point que l’évêque (Théophilus) chargé du patriarcat égyptien de 385 à 412 a mené une campagne féroce d’oppression contre les païens et essayé de supprimer l’école d’Alexandrie en démolissant et brûlant sa bibliothèque. Bien plus, cette destruction n’a pas épargné les bibliothèques des temples. Inatier, philosophe du platonisme moderne astronome et mathématicienne (370-415) fut lynchée et brûlée, les statues furent détruites aussi (35) .
Après l’éclatement des divergences entre les conciles chrétiens au sujet de la nature du Christ, le reniement et l’oppression ne tardaient pas, par la suite, à imposer leur loi, le christianisme romain (royalisme) exerça reniement et persécution à l’égard du Christianisme égyptien (jacobinisme), ce qui obligea les Chrétiens d’Égypte à fuir leur terre pour se réfugier aux déserts, cavernes et grottes. Le patriarche de l’église égyptienne, Benjamin (1-41H/623-662) restait en fuite pendant 13 ans jusqu’à ce qu’il eut été convoqué par le commandant de la conquête islamique. Amr Ben Al Aâs (574-664) qui le rassura, l’accueillit dans la bienveillance et lui rendit ses églises après les avoir libérées. Ainsi fut ouverte une nouvelle page de tolérance dans l’Histoire de l’Égypte et des Égyptiens.
C’était la situation prédominante dans le monde et c’était ainsi que fut l’attitude des adeptes des religions et civilisations à l’égard d’autrui lorsque l’islam fut révélé en 610.
La tolérance vis-à-vis de l’Autre n’existait pas. Bien pire, il n’y avait même pas de reconnaissance de l’Autre. Que propose alors l’Islam dans ce domaine ?
C'est l’objet de la présente étude qui s’appuiera, pour donner une réponse détaillée à cette question, sur le Saint Coran, le hadith et les faits avérés de l’histoire.
Avec l’avènement de l’Islam Naquit la tolérance :
L’Islam a commencé par la pose de “bases humaines nouvelles” sans précédent. Il commença en insistant sur le fait que Dieu -gloire à Lui- est Seigneur des mondes : “louange à Dieu, Seigneur des mondes” (Prologue : 2) et non pas Seigneur d’un peuple sans les autres. L’Islam précise que l’être humain, honoré par Dieu quand Il lui insuffla de Son esprit afin qu’il soit divin, c’est Adam père de l’humanité.
Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : “oui, d’argile sonnante, de boue malléable, Je vais créer un homme, puis quand je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon esprit, jetez-vous alors, prosternés, devant lui” (Al-Hijr : 28-29).
L’honneur émanant de Dieu est ainsi destiné à l’homme : “Et très certainement, Nous avons donné de la noblesse aux Enfants d’Adam” (Le voyage nocturne : 70). Cette noblesse n’est pas le privilège exclusif d’un peuple ni celui des adeptes d’une religion ou d’une civilisation.
L’Islam n’a pas stipulé que l’action de se rapprocher de Dieu, gloire à Lui, est le résultat des (caractéristiques inhérentes) -raciales-. Mais si les humains parviennent différemment à ce rapprochement, c’est parce que Dieu en a fait le résultat de normes disponibles et à la portée de tous. La piété, l’incitation aux bonnes actions et la prohibition des mauvaises sont des normes qui pèsent lourd dans l’obtention de la bénédiction divine ici-bas et dans l’au-delà.
“Oui, le plus noble des vôtres, auprès de Dieu, c’est le plus pieux des vôtres” (Les cloisons : 13).
“Ceci ne dépend ni de vos désirs ni des désirs des gens du livre. Quiconque fait un mal en sera payé et ne trouvera en sa faveur, hors de Dieu, nul patron ni secoureur” (Les femmes : 123).
L’Islam n’a pas monopolisé le salut en faveur des adeptes d’une seule religion sans ceux des autres religions révélées, mais il a insisté que “quiconque fait un bien du poids d’un atome, le verra , et quiconque fait un mal du poids d’un atome, le verra” (La secousse : 7-8).
Il a, par ailleurs, montré que ceux qui croient en l’unicité de Dieu, à ce qui est occulte, au jour de résurrection, au Jugement dernier, ceux qui ont fait du bien durant leur vie conformément aux instructions d’une quelconque religion monothéiste, ne pourraient être à égalité avec les renégats qui nient l’unicité de Dieu, et s’écartent de toutes les religions “Oui, Ceux qui ont cru et ceux qui se sont judaïsés et les Nazaréens et les Sabéens, quiconque a cru en Dieu et au Jour dernier, et fait œuvre bonne, pour ceux-là leur récompense est auprès de leur Seigneur, Sur eux, nulle crainte et point ne seront affligés” (La vache : 62).
En outre, l’Islam rejette toutes les philosophies et systèmes d’idées qui s’accordent à dire que la violence, le combat et l’effusion du sang font partie de l’instinct et de la nature de l’Homme, tout en précisant que le combat est une exception et non une règle et qu’il est aussi une anomalie diamétralement opposé à la sainte nature. Le combat est un état imposé et contraignant pour l’homme, et il est même détesté par l’homme qui atteint le degré véritable de l’humanisme.
Le saint Coran reconnaît cette réalité en disant :
“On vous a prescrit le combat. Il vous est cependant désagréable” (La vache : 216).
De son côté, la Sunna confirme cette réalité coranique, quand le prophète - que la prière et le salut soient sur lui-dit :
“Ne souhaitez pas d’affronter l’ennemi, priez Dieu de vous combler de bonne santé ; si vous l’affrontiez, tenez bon, et invoquez Dieu souvent” (rapporté par Darmi).
Bien plus, l’Islam est allé encore plus loin dans ce domaine, quand il a imposé de traiter même ceux qui le reniaient, avec équité. “Ho, les croyants ! allons debout, témoins pour Dieu avec justice ! Et que la haine d’un peuple ne vous incite pas à ne pas faire l’équité. Faites l’équité : C’est plus proche de la piété. Et craignez Dieu. Oui Dieu est bien informé de ce que vous faites” (Le plateau servi : 8).
“Et que la haine d’un peuple qui vous a empêchés de la Mosquée Sacrée ne vous incite pas à transgresser” (Le plateau servi : 2).
L’Islam incite même à faire preuve de justice au moment de contre-attaquer l’ennemi : “Donc quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui à transgression égale” (La vache -194).
L’Islam a fixé les règles sans précédent de (la chevalerie islamique). Le prophète, paix et salut sur lui, a interdit de tuer les femmes et les enfants ; et lorsqu’il envoyait des troupes, il leur disait : “Menez votre conquête au nom de Dieu, pour l’amour de Dieu, combattez les infidèles, n’agissez pas par excès, n’ayez pas recours à la traîtrise, et ne tuez pas les enfants” (rapporté par Boukhari, Muslim et Malek à AlMouata).
Pour sa part, Abou Bakr Asseddik (573-634), a rassemblé, alors qu’il était à la tête de l’Etat islamique, les directives du prophète, paix et salut sur lui, dans le (document des qualités de la chevalerie islamique), et ce au moment où il donnait ses instructions, en 18H/639, à Yazid Ben Abi Soufiane, désigné à la tête des troupes qui se dirigeaient vers la Syrie : “Tu rencontreras des gens prétendant qu’ils se consacrent à Dieu, laisse-les tranquilles, qu’ils se consacrent à ce qu’ils prétendent …Je te conseille de respecter ces dix règles : Ne tue pas les femmes, les enfants et les vieillards, n’arrache pas d’arbres fruitiers, ne détruis pas de maisons, n’égorge pas de brebis ou de chameaux sauf pour la nourriture, ne brûle pas et n’inonde pas les palmeraies, ne sois pas rancunier ni lâche” (rapporté par Malek à Almouata).
L’éthique de la chevalerie islamique englobe la bonne conduite dans le cadre des relations avec les humains, la faune, la flore et les objets car toutes les créatures naturelles sont vivantes et exaltent leur Créateur, quoique leur langage nous est incompréhensible. La relation, dans le cadre de la religion islamique, avec ces créatures revêt un caractère fraternel, bienveillant et de protection et n’est pas une relation de contrainte, de destruction ni d’exploitation.
De plus, l’Islam a restreint les raisons du recours à l’usage de la force, qui demeure une exception, dans deux cas ; à savoir : défendre la religion pour libérer la conscience et consacrer l’adoration de Dieu, défendre la patrie en tant que lieu d’exercice de la confession ; et ce par la dissuasion des agresseurs et ceux qui tentent d’occuper nos territoires “Il se peut que Dieu assigne de l’amitié entre vous et ceux des leurs que vous aviez pour ennemis. Et Dieu est capable, et Dieu est pardonneur, miséricordieux. Dieu ne vous empêche pas, à l’égard de ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures, de leur faire la charité et d’être, envers eux, à la balance. Oui, Dieu aime ceux qui traitent à la balance. Rien d’autre : Dieu vous empêche, à l’égard de ceux qui vous ont battus pour la religion et chassés de vos demeures et ont prêté leur dos à votre expulsion, de les prendre pour patrons. Et ceux qui les prennent pour patrons, alors, c’est eux les prévaricateurs” (L’examinée : 7-9).
Même ce combat, exceptionnel, détesté et obligatoire, est considéré par l’Islam comme une (riposte) préconisée dans le but de rectifier la situation et d’établir un certain équilibre garantissant la cohabitation des protagonistes et excluant toute forme de lutte où chacun tente d’éliminer l’autre, car le pluralisme, la différente et la diversité sont des lois divines immuables. Et si la (guerre) finit par annuler ce pluralisme et éliminer l’autre “ … si bien que tu aurais vu ces gens renversés par terre comme des souches de dattiers tombés. Et bien, vois-tu d’eux un vestige” (Qui s’avère : 7-8), l’objectif islamique consiste à préserver le pluralisme, et réaliser l’équilibre et la cohabitation entre les protagonistes par des moyens pacifiques et non pas par la guerre “Riposte avec ce qu’il y a de plus beau, alors celui avec qui tu étais en inimitié deviendra comme s’il était ami chaleureux” (Les détaillés : 34). La riposte est la voie de conservation des vies et d’amélioration de la vie ; en revanche la lutte ne fait que détruire cette vie .
L’Islam adopte cette attitude même avec le polythéiste qui adore des idoles et des statues qu’il associe à Dieu ; quant aux adeptes des autres religions qui, au moment de l’apparition de l’Islam, échangeaient reniement, insultes et s’entretuaient, ils feront l’objet de reconnaissance de la part de l’Islam qui , en sus de sa confirmation de l’unicité de Dieu pour tous les êtres humains et les autres créatures, a joint, à ce principe, la reconnaissance de tous les Livres saints et les autres religions ainsi que toutes les révélations divines qui s’étaient succédées depuis Adam jusqu’au prophète Mohamed, paix et salut sur eux .
L’unicité des religions et croyances à travers l’Histoire humaine, unifie l’origine et la religion de tous les prophètes et fait de leurs lois différentes une diversité dans le cadre de la même religion. Le prophète Mohammed -paix et salut sur lui- confirma cette réalité dans un hadith : “Les prophètes sont des frères en origine, leurs mères sont différentes et leur religion est unique” (rapporté par Albokhari, Moslim et Abou Daoud) et Dieu-gloire à lui dit : “Nous ne faisons de différence entre aucun de Ses messagers” (La vache : 285).
Dans cette perspective de tolérance, l’islam s’est, depuis sa révélation, ouvert à tous les messages dont ont été dépositaires les prophètes et les messagers de Dieu, sans jamais les renier. Ainsi, pour la première fois dans l’Histoire, l’Islam a-t-il fait de (l’Autre) partie intégrante de (soi).
Avec ce niveau sans précédent de tolérance, il dépassa la simple reconnaissance et l’acceptation des autres. Et leurs livres que même leurs érudits reconnaissent comme falsifiés, altérés et inventés de toutes pièces(36), n’ont pas été tous qualifiés, par le Coran d’altérés :
“Dieu ! pas de Dieu que Lui, le Vivant, l’Absolu ; Il a peu à peu fait descendre sur toi le livre, avec vérité en tant que confirmateur de ce qui était avant lui. Et, a fait descendre en bloc, la Thora et l’Évangile auparavant en tant que guidée pour les gens. Et Il a fait descendre le Discernement” (La famille d’Amram : 2-4).
Le Tout Puissant a dit : “Et Nous avons lancé sur leurs traces Jésus fils de Marie, en tant que confirmateur de ce qu’il avait devant lui du fait de la Thora. Et Nous lui avons donné l’Évangile -où il y a guidée et lumière- en tant que confirmateur de ce qu’il y avait devant lui du fait de la Thora, et en tant que guidée et exhortation pour les pieux” (Le plateau servi : 46).
L’Islam n’a pas, en outre, interdit aux gens ayant choisi les autres religions de se référer aux Livres dont ils disposaient. Bien au contraire, il les a incités à le faire :“Que les adeptes de l’Évangile jugent selon ce que Dieu y a fait descendre” (Le Plateau servi : 48).
“Comment se fait-il, d’ailleurs, qu’ils recourent à toi comme juge, quand ils ont la Torah qui renferme la norme de Dieu…” (Le Plateau servi : 43).
On retrouve les applications de cette prise de position particulière à l’islam dans le dialogue échangé entre le compagnon du prophète Paix et Salut soient sur Lui Hateb ben Abi Baltaà (35 avant l’hégire - 30H/586-650) et Al Mokawkasse commandeur des Coptes égyptiens, quand il reçut le message du prophète, paix et salut sur lui, transmis en 628 par Hateb qui lui a dit : “Nous te demandons de te convertir à l’Islam ; celui qui compte uniquement sur lui se passera du reste, nous ne te demandons pas d’abandonner la religion du Christ, au contraire nous t’incitons à y rester fidèle”(37).
Aux niveaux de la justice, d’objectivité et d’équité, l’Islam a atteint des limites où il prend en considération même les nuances existant entre les groupes et courants de l’autre. Il n’a généralisé ni jugements ni caractéristiques en ce qui concerne les gens du livre ; le saint Coran dit : “Il est parmi les gens du livre, une communauté droite qui, aux heures de la nuit, récite en se prosternant les versets de Dieu” (La famille d’Amram : 113) .
“Oui il y en a parmi les gens du livre qui certes croient en Dieu et en ce qu’on a fait descendre vers vous et en ce qu’on a fait descendre vers eux, humbles qu’ils sont devant Dieu, et ne vendant point les signes de Dieu à vil prix. Voilà ceux dont le salaire est auprès de leurs Seigneur. En vérité Dieu est prompt de compter” (La famille d’Amram : 199).
“Et parmi les gens du livre, tel à qui tu confies un qintâr te le rend, tel à qui tu confies un denier, ne te le rendra que si sans relâche tu te tiens debout contre lui. Tout cela parce qu’ils disent : pas de voie contre nous pour les Gentils”. Et ils disent le mensonge contre Dieu, alors qu’ils savent” (La famille d’Amram : 75.)
Le Coran ne traite pas sur un pied d’égalité et ne généralise pas les signalements ou les jugements aux groupes et communautés des gens du livre. Il établit la règle de (non généralisation) lorsqu’il dit : “Ils ne sont pas tous égaux” (La famille d’Amarm : 113).
L’Islam ne s’est pas borné à cette limite inédite de tolérance à l’égard de (l’Autre) qui embrasse des religions monothéistes -les gens du livre comme les Juifs et les Chrétiens- mais il a élargi l’étendue de cette tolérance qui englobe aussi les adeptes des religions positives auxquels l’Islam garantit la liberté de pratiquer leur culte et consacre leur statut à l’instar des gens du livre. Lorsque les Musulmans ont conquis la Perse - dont les habitants étaient Mages adorateurs du feu et croyaient en l’existence de deux dieux : le premier est dieu du bien et de la lumière, le second est dieu du mal et des ténèbres -Omar Ben Alkhattab, Calife des Musulmans, (584-633) soumît leur cas au Conseil consultatif (Majliss Achoura) qui se réunissait régulièrement à la mosquée de Médine- Omar rejoignait ses compagnons et leur parlait de la situation des régions - le Calife dît aux membres du Conseil : Qu’est-ce qu’on va faire des Mages ? Et Abdarrahmane Ben Aouf (580-652) de répondre : J’atteste que le prophète Mohamed paix et salut sur lui a dit : “Appliquez pour eux (Mages) les lois applicables aux gens du livres”(38).
Ainsi, les religions positives ont-elles été traitées sur le même pied d’égalité avec les religions révélées. Les jurisconsultes musulmans ont codifié cette règle établie par le prophète, paix et salut sur lui, et suivie par les Califes, et ont dit que ces religions disposaient de livres mais qui n’ont pas été conservés.
Afin de comprendre la grandeur de cette nouvelle perspective islamique de la tolérance, grâce à laquelle l’Islam inaugura la véritable Histoire de tolérance pour l’humanité, ses lois, ses philosophies et ses civilisations , nous insistons sur le fait que l’Islam n’a pas seulement établi cette reconnaissance de (l’autre), cette acceptation de (l’autre) et cette liberté pour (l’autre) afin qu’il puisse pratiquer ses rites, non pas parce qu’il considère ces mesures comme (permises) et comme un droit de (l’autre), mais il en a fait une obligation islamique et une condition pour parvenir à la perfection de la pratique des préceptes en Islam.
Bien plus, l’Islam ne se limite pas à connaître et à accepter ceux qui ont la même attitude à l’égard des musulmans. Il va au-delà de cette démarche et n’adopte pas à l’égard de ceux qui lui vouent dénigrement et désapprobation une attitude similaire, quand bien même ils auraient renié le prophète des musulmans et le livre révélé aux musulmans et fait preuve d’inimitié à leur égard. Dans une attitude des plus sublimes, il leur a accordé la liberté d’exercer leurs cultes -bien que ceux-ci comportent un discours hostile à l’islam- et leur a assuré paix et sécurité, en terre d’islam.
On se demande alors : Est-ce que l’Histoire du monde, des nations, civilisations, législations, cultures et philosophies, a connu -avant et après l’avènement de l’Islam- une telle tolérance qui a vu le jour avec la révélation de cette religion et qui est une exclusivité de l’Islam ?
La mise en application de la tolérance par l’Islam :
Ce que l’Islam a innové, créé et réalisé en ce qui concerne la tolérance n’est pas resté lettres mortes ou (pensées théoriques), à l’instar des commandements (mystiques - idéaux) contenus dans des livres antérieurs au saint Coran et jamais mis en application par les sociétés auxquelles ils ont été confiés et ne les ont pas conservés), mais cette innovation islamique a pris la forme d’une vie, d’un État, d’une civilisation et d’une Histoire.
La tolérance à l’égard des Juifs :
Au sein de l’État de Médine, sous le commandement du prophète -paix et salut sur lui- la constitution a stipulé que la pluralité religieuse était garantie aux citoyens de ce premier État islamique et que ses différents sujets, aux confessions diverses, étaient égaux, au niveau des droits de citoyenneté.
L’Islam a transformé l’entité tribale en composante qui contribue aux côtés d’autres à l’édification de la nouvelle nation (la oumma) ; comme il a fait des adeptes de diverses confessions des composantes originales d’une même nation et sous l’égide de cette même nation islamique au point que l’Histoire de la pensée islamique n’a pas connu le terme (minorité). En revanche cette Histoire parlait d’une seule nation dont la diversité et la différence -aux niveaux des règlements religieux, des communautés, des tribus, des races, des langues, des modes de vie, et des traditions- sont considérées par l’Islam comme une loi divine immuable. C’est pourquoi la (constitution) du premier Etat islamique, établi par le prophète, paix et salut sur lui, après son émigration à Médine, a prévu : “Aux Juifs leur religion et aux Musulmans leur religion ; ceux parmi les Juifs qui se convertissent à l’Islam bénéficieront de soutien et de consolation et ne seront jamais traités injustement ou lésés. Les amis et les serviteurs des Juifs sont traités comme eux. En temps de guerre, les juifs contribuent aux dépenses -aux Juifs leur part et aux Musulmans la leur-, les deux communautés sont tenues de s’entraider pour faire face aux ennemis de l’Islam et elles doivent échanger conseil sans tomber dans l’illicite ; le gagnant est celui qui parvient à vaincre le mal en lui”(39).
Ainsi cette (Constitution) du premier État islamique jeta-t-elle, depuis plus de 14 siècles, les bases d’égalité et d’équité en droits et obligations du citoyen. La grandeur de cette réalisation, relative à la pluralité et à l’égalité, acquiert davantage d’importance du fait qu’elle n’est pas fondée sur la marginalisation ou l’exclusion de différentes religions, comme ce qui s’est passé, en ce qui concerne les droits de citoyenneté, dans les pays laïques. Sous l’égide de l’Islam, on est en présence de pluralité et d’égalité entre différentes parties qui gardent leur diversité religieuse et leurs différences confessionnelles.
De même, la diversité et l’égalité, au niveau des droits civiques, ne sont pas favorisées aux dépens de la référence islamique ou en raison de son exclusion -comme le prétendent les laïques- mais elles sont le fruit de l’action de l’Islam basée sur la référence islamique et prévue dans sa (constitution) où l’on peut lire :“Tout acte ou différend pouvant engendrer la dégradation des relations entre les adeptes de cette religion, doit être porté au jugement d’Allah et du messager de Dieu, Mohammed, paix et salut sur lui”(40).
La tolérance à l’égard des Chrétiens :
Lors du premier contact entre le premier État islamique et les Chrétiens, avec l’extension des frontières de cet État englobant, pour la première fois, des sujets chrétiens - les Chrétiens de Najrane -, Le prophète paix et salut sur lui, a établi un traité constitutionnel où il codifia, sous l’égide de l’État, cette diversité religieuse et cette égalité et équité totales au domaine des droits et obligations civiques. Le texte du traité :
“A Najrane, leur suite, leurs partisans, et à tous ceux qui embrassent le Christianisme aux quatre coins du monde, arabophones soient-ils ou non, nous offrons hospitalité et assurons la protection de leur bien, vie, religion, famille, commerces et tout ce qu’ils possèdent. Aucun de leurs évêques ou moines ne doit être démis de ses fonctions, et sont dispensés de participer aux combats, exonérés de verser la dîme et leurs territoires restent interdits aux armées. Quiconque, parmi eux, demande justice, doit être traité avec équité ; et nous nous engageons à les défendre et assurer la protection de leurs églises, synagogues, temples et lieux de culte ainsi que les lieux fréquentés par les voyageurs, que ce soit à la montagne, près d’une rivière, dans une grotte, à l’intérieur d’une construction, dans une vallée ou dans le désert. Nous sommes aussi gardes de leur religion et de leur confession là où ils se trouvent et de la même manière que nous le faisons pour nous-même et pour tous les Musulmans. Leurs constructions et celles des Musulmans ne doivent pas s’emboîter ; de même les impôts et taxes ne doivent pas être versés dans les biens islamiques sauf pour les terres héritées sur lesquelles on prélève un impôt foncier sans dépasser le montant dû.
Les gens du livre ne sont pas engagés pour combattre un ennemi à côté des Musulmans, car ils en sont dispensés. Ils n’ont l’assurance de bénéficier de notre protection que pour les dispenser de cette obligation. Les Musulmans sont leurs protecteurs mais ils ne doivent les obliger à leur fournir les armes avec lesquelles ils affronteront l’ennemi sauf si les gens du livre apportent volontairement armes et chevaux et ils en seront loués et remerciés. Quiconque embrasse le Christianisme ne sera jamais contraint à se convertir à l’Islam “Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du livre” (L’arraîgné : 46) et ils sont en outre traités avec clémence, et protégés contre toute agression.
Les Chrétiens ne doivent pas être obligés de se marier de force et les parents des filles ne doivent pas être contraints à les donner en mariage comme il ne faut pas leur nuire s’ils refusaient un prétendant ou rejetaient un mariage, car de telles affaires ne peuvent faire l’objet de contraintes ou de pressions. Et quand un Musulman se marie avec une Chrétienne, il doit accepter son Christianisme et ne doit pas la contrarier quand elle suit l’exemple des religieux Chrétiens. Quiconque ne respecte pas ces instructions et fait usage de contrainte à son égard, est considéré comme commettant une violation des lois divines et de la sunna du prophète, et il est taxé de mensonge .
Lorsque les Chrétiens procèdent à la restauration de leurs couvents, églises ou autres bâtisses où ils exercent leurs cultes et autres actes et qu’ils auraient besoins d’aide des Musulmans, ceux-ci sont dans l’obligation de leur apporter assistance. Et ce soutien ne doit pas être considéré comme une dette, mais comme un moyen leur permettant de consolider les bases de leur religion, autant qu’il se trouve être l’expression du respect par les Musulmans de l’engagement du prophète à l’égard des Chrétiens, un geste de générosité de l’Islam et un don divin pour les adeptes du Christianisme. Et ce parce que je (Mohamed paix et salut sur lui) leur ai donné ma parole, devant Dieu, qu’ils auront les mêmes droits que ceux des Musulmans et les mêmes obligations que celles des Musulmans, en vertu du pacte conclu avec eux. Ils seront protégés et soutenus pour faire face à toute adversité. Ainsi deviendront-ils partenaires des Musulmans en droits aussi bien qu’en obligations”.
Si cette générosité marquant l’égalité, la justice et l’équité accordées à (l’Autre) par l’Islam et par l’Etat musulman depuis 14 siècles suscite étonnement des contemporains, cet étonnement -de ceux qui ignorent la réalité de l’Islam- ne fera qu’augmenter quand ils apprendront, et le monde avec eux, que l’Islam n’a demandé à (l’autre), en échange de toute cette générosité en (droits), qu’une (seule obligation) : apporter sa contribution à l’effort consacré à la sécurité nationale et civilisationnelle de l’Etat islamique, faire en sorte que son loyalisme à l’Etat et à la patrie demeure intégral et que son appartenance reste exclusive à la nation dont il fait partie intégrante et puis qu’il ne constitue pas la brèche par laquelle l’ennemi pourrait s’infiltrer.
Le traité conclu par le prophète, paix et salut sur lui, avec les Chrétiens de Najrane a prévu cette obligation, au paragraphe où l’on peut lire : “Il a fixé pour eux des points que leur religion leur recommande de respecter, et des engagements à honorer, entre autres s’abstenir d’être d’intelligence avec une partie en guerre avec les Musulmans, et ne pas donner refuge, dans leurs maisons, aux ennemis des Musulmans pour qu’ils puissent prendre d’assaut leurs territoires. Les Chrétiens et les autres gens du Livre, ne doivent pas en outre, entrer aux territoires des Musulmans, leurs terres agricoles et leurs lieux de culte. Ils ne doivent pas aussi apporter assistance à quiconque en guerre avec les Musulmans, par la fourniture d’armes, ou de cheveux ou par le recrutement d’hommes ; comme il ne faut pas entretenir une quelconque relation avec un ennemi de l’Islam. Et au cas où des Musulmans auraient besoin de trouver refuge chez les Chrétiens -à leurs demeures et lieux de culte- ces derniers sont dans l’obligation de les accueillir, de leur apporter assistance et réconfort, de les abriter en toute sécurité, de ne pas révéler leurs faiblesses et de ne pas manquer au devoir d’hospitalité à leur égard”(41).
Grâce à ces positions, l’Islam à atteint l’apogée de la tolérance, en permettant à (l’Autre) de conserver sa différence et ses particularités, en assurant la protection et la préservation de ces différences et distinctions et en acceptant que cet (autre) fasse partie intégrante de (soi) c’est-à-dire de la nation unique. L’Islam atteindra cette grandeur lorsqu’il intégra cette conception de la tolérance à la foi islamique, dans les obligations fixées par Dieu, dans la Sunna, dans la tradition religieuse et dans les pactes passés avec Dieu. En conclusion, l’attitude de l’Islam, n’est pas un simple droit, parmi les droits de l’homme, qu’un gouvernant accorde et que d’autres refusent.
Au cours de l’Histoire islamique :
Cette politique sera perpétuée par l’État et la civilisation islamiques et marquera toute l’Histoire islamique.
Les combats qui s’étaient déroulés au cours des conquêtes islamiques avaient été menés contre les armées des grandes puissances envahissantes (la Perse et Rome) qui occupaient l’Orient, pendant des siècles. En revanche, aucune bataille n’avait jamais opposé les troupes des Musulmans aux populations des pays conquis.
Les habitants de ces contrées ont même apporté assistance, matérielle et morale, aux armées islamiques ; ils ont parfois participé aux combats contre les Persans et les Romains, tout en conservant leurs croyances différentes de l’Islam mais en totale convergence avec les religions de Perse et de Rome. Ce fut le cas des habitants d’Iraq, des Chrétiens de Syrie et des Coptes d’Égypte.
Lorsque les troupes islamiques libérèrent leurs pays, elles libérèrent leurs consciences de l’oppression religieuse dont ils ont souffert des siècles durant. Pour la première fois, ils se sentaient libres dans l’exercice de leurs cultes et devenaient des sujets de l’État islamique, jouissant des mêmes droits que les Musulmans et s’acquittant des mêmes devoirs. Les gens du livre constituaient durant des siècles la majorité non musulmane, jusqu’à ce qu’une partie d’entre eux s’est convertie à l’Islam sans contrainte et, généralement sans prédication. Ceux, parmi eux, qui ont choisi de rester fidèles au Christianisme, au Judaïsme ou à la religion de Zarathoustra, le restaient, attestant ainsi de la tolérance sans précédent instaurée par l’Islam et mise en application par l’État et la civilisation islamiques.
En faisant de cet (autre religieux) une composante fondamentale de la même nation et de ses adeptes des sujets de l’État islamique, l’Islam donne à cet (autre) la possibilité de contribuer à l’édification de la nouvelle civilisation islamique. Auparavant, l’Islam avait intégré la totalité de l’héritage civilisationnel ayant fait l’objet d’oppression des conquérants -grecs et Romains- et ressuscité par l’Islam lorsque les Musulmans ont procédé à la traduction de ses créations scientifiques et artistiques. Ce qui a permis à ce legs d’intégrer le tissu de la nouvelle civilisation islamique.
L’intervention de l’Islam, quand il a ressuscité les sciences, arts et philosophies des écoles d’Alexandrie, d’Antioche de Jandisappour et autres, a permis la sauvegarde du patrimoine civilisationnel humain d’oppression et de perte qui le menaçaient. La nouvelle civilisation islamique constituait alors, pour les peuples ayant intégré le nouvel État islamique, une ère nouvelle pour leur civilisation nationale et nationaliste, au moment où la diversité religieuse demeurait un droit sacré, régi uniquement par l’autorité divine car la religion est dédiée uniquement à Dieu et la véritable pratique religieuse ne saurait être l’objet de contrainte aucune.
Et du moment que l’Islam a ouvert ses portes à cet (autre religieux) afin qu’il apporte sa contribution à l’édification de la nouvelle civilisation islamique, il lui donna également l’opportunité de gérer les affaires de l’État, au point que l’éminent orientaliste allemand Adam Metz, (1869-1917) déclara au cours d’un témoignage : “C’était les Chrétiens qui gouvernaient les pays de l’Islam”(42).
Pour sa part, l’orientaliste anglais, Sir Thomas Arnold, (1864-1930), connu comme fervent chrétien, a témoigné de la tolérance de l’Islam en disant : “A vrai dire, les non-musulmans ont, en général, joui, sous le règne islamique, d’un certain niveau de tolérance jamais connu en Europe d’avant les temps modernes. Et le fait que ces communautés continuent de vivre dans un milieu islamique montre que les persécutions qu’elles subissaient, de temps à autre, des mains des puritains et fanatiques étaient de répercussions de circonstances locales plus qu’elles n’étaient des conséquences du fanatisme et d’intolérance”(43) .
Ce témoignage a été approuvé et détaillé par l’écrivain libanais de confession chrétienne, “George Keram”, lorsqu’il à fixé à trois les causes de tension entre les sectes, que connurent les sociétés islamiques pour des durées courtes :
1. Le tempérament de gouvernants tyrans ayant persécuté la majorité et les minorités en même temps.
2. L’injustice et l’arrogance des chefs et gouvernants chrétiens et juifs ayant été chargés de ministères et de services financiers et administratifs et qui ont tyrannisé la majorité des musulmans pauvres, ce qui a engendré des réactions et des troubles qui ne visèrent pas seulement les oppresseurs.
3. L’alliance d’un nombre réduit des membres des minorités religieuses, avec les conquérants du pays de l’Islam, ce qui a entraîné des réactions et des révoltes ne faisant pas de distinction entre la minorité qui fut prise dans le piège de la trahison et la plupart des membres de ces minorités.
Ce chercheur de confession chrétienne énuméra les causes de ces tensions confessionnelles passagères dans l’Histoire de l’islam, en trois facteurs dont il dit : "les périodes de tension et d’oppression visant les non-musulmans, au sein de la civilisation islamique, étaient de courte durée et régies par trois facteurs :
Le premier facteur : le tempérament des califes. En effet, les plus graves campagnes d’oppression ciblant les gens du livre ont eu lieu sous le règne d’Almoutaouakkil (821-861) enclin au fanatisme et à la cruauté et aussi sous le règne du calife fatimide Alhakim bi Amr Allah (985-1021) qui abusait de sévérité à leur égard.
Le deuxième facteur : La détérioration des conditions socio-économiques de la majorité des Musulmans, en sus de la tyrannie qu’exerçaient certains hauts responsables des non-musulmans. Ainsi pourrait-on facilement établir des liens directs entre ces dirigeants et les campagnes de persécutions menées dans plusieurs contrées.
Le troisième facteur : celui-ci est lié aux périodes d’interventions étrangères dans les pays islamiques, et les tentatives des gouvernants étrangers d’attirer les minorités religieuses non-musulmanes dans le but de coopérer avec elle contre la majorité musulmane.
Les dirigeants étrangers - les anglais aussi - ne s’abstenaient pas d’employer la minorité copte pour gouverner le peuple et l’écraser sous le coup des impôts. Ce constat était aussi valable dans le cas de la Syrie où les enquêtes menées par (Jep) et (Poliac) ont montré que l’hégémonie exercée par des citoyens issus des minorités, dans le domaine économique était à l’origine des graves émeutes, à caractère religieux, ayant éclaté, en 1860 à Damas, entre Chrétiens et Musulmans et entre 1840 et 1860, au liban, entre Maronites et Druzes. De même la fin des croisades était suivie, dans plusieurs régions, d’actes de représailles et de vengeance menés notamment contre les minorités arméniennes, qui coopéraient avec les colonisateurs.
Bien plus, l’attitude des minorités elles-mêmes à l’égard du gouvernement islamique, qui les traitait avec beaucoup de tolérance, était souvent derrière le déclenchement de troubles religieux. L’abus des fonctionnaires non-musulmans, les actes d’escroquerie et leur partialité, frôlant l’insolence, contre la majorité des citoyens, il était chose courante que ces fonctionnaires useraient de provocations au vrai sens du terme”(44).
C’était là le témoignage du chercheur libanais de confession chrétienne, qui fait l’éloge du témoignage de l’orientaliste anglais au sujet des violences religieuses momentanées vécues au cours de l’Histoire islamique.
Afin de prouver la véracité de ces analyses et raisonnements, nous allons examiner, en sus du témoignage de Georges Keram, les écrits d’Almaqrizi (1365-1441) sur l’arrogance des Chrétiens et des Juifs qui occupaient différents postes (gouvernance, impôts) sous les règnes des Fatimides (45) et aussi les récits d’Almaqrizi à propos de la tyrannie des Chrétiens de Damas, soutenus par Holako, des Tartares et de Katebgha, chef tartare et chrétien nestorien, au cours de l’invasion de l’orient arabo-islamique par les Tartares ainsi que la réaction du sultan Kataz à cette trahison à laquelle il a riposté par des représailles très violentes après sa victoire en 1260 à Aïn Jaloute sur les Tartares (46). Nous allons voir également ce qu’a écrit Aljabarti (1754-1822) sur la trahison de (maître Jacob Jan) (1745-1801) surnommé "Jacob le maudit" par Aljabarti, et le régiment copte engagé et dirigé par lui contre le peuple égyptien pour le compte de Bonaparte (1769-1821) chef de l’expédition française pour l’Égypte (1798). Au cours de cette expédition, le général Cliper (1753-1800) donna toute latitude au général Jacob de faire des Musulmans ce qu’il voulait, au point que lui-même et ses compagnons, s’étaient attaqué aux Musulmans qu’ils avaient insultés, battus et humiliés et qu’ils ne laissèrent aucune chance à la réconciliation. Ils déclarèrent, de plus, la fin de la religion des Musulmans et de l’ère des unificateurs(47).
Malgré les tensions sectaires engendrées par l’attitude de quelques minorités ayant accepté de coopérer avec les occupants, leurs conséquences étaient limitées dans le cadre de (tensions momentanées) liées à la conjoncture de l’invasion et à la complicité de classes restreintes avec les tentatives d’assujettissement menées par les puissances colonisatrices. Le tissu national, nationaliste et civilisationnel demeurait intacte et incarnait la diversité dans le cadre de l’unité, la différence dans le cadre d’une seule nation, d’une seule civilisation, d’un nationalisme unifacteur, et d’un seul État, qui constituent des constantes de l’unité fédérés par la tolérance de l’Islam.
Aperçu comparatif :
Nous allons citer les exemples comparatifs suivants pour démontrer, par le contraste, la singularité de l’islam.
Exemple n° 1 : la victoire réalisée par l’islam contre le paganisme ayant semé la sédition parmi les Musulmans et les ayant chassés de leurs demeures et aussi sa victoire après la trahison des Juifs qui s’étaient alliés avec les païens contre l’action unificatrice de l’Islam. Ces victoires réalisées au cours de 20 batailles qui ont eu lieu entre les années 2 et 9 de l’hégire, ont changé le cours de l’Histoire et l’aspect du monde et de la civilisation, sachant que le nombre des victimes de ces combats, entre les deux camps, ne dépassa pas les 368 morts dont 183 martyrs musulmans et 203 morts parmi les infidèles(48).
Par contre, la guerre religieuse, qui a apposé Catholiques et Protestants, durant plus de 2 siècles, a causé l’extermination de 40% des populations d’Europe centrale, c’est à dire près de 10 millions de victimes chrétiennes selon un chiffre donné par Voltaire (1694-1778)(49).
Exemple n° 2 : On évoque dans ce cas l’attitude de l’islam qui donne la liberté totale aux gens pour ce qui est de leurs confessions car “Pas de contrainte en religion” (La vache : 256), “Et-dis “la vérité est de votre Seigneur”. Croie qui veut, donc et mécroie qui veut” (La grotte : 29), “A vous votre religion et à moi ma religion” (Les mécréants : 6), “A chacun de vous, nous avons assigné une voie et un chemin. Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous une seule communauté” (Le plateau servi : 48). Ce sont là les principes, règles et lois coraniques incarnés par les pactes et traités passés par le messager de Dieu, paix et salut sur lui, avec les Juifs et Chrétiens. Dans ce cas, on va comparer entre cet exemple islamique et la violation par l’Église européenne, de la liberté confessionnelle, à travers les tribunaux d’Inquisition qui, durant plus de 3 siècles (50), avaient recours à la torture, l’emprisonnement, au supplice du feu, au bûcher et au crucifiement. Il faut rappeler aussi les faits survenus sous l’autorité des rois, princes et prêtres, quand ceux-ci usaient de force pour imposer le Christianisme aux gens, malgré son mysticisme pacifiste, sa paix mystique et ses commandements incitant à aimer les ennemis et à bénir ceux qui lancent des imprécations. Dans le même registre, Sir Thomas Arnold, a attesté que Charlemagne (742-814) imposa le Christianisme de force aux communautés saxonnes. La même méthode a été préconisée par le roi (Gnotte) au Danemark, le groupe des frères d’épée en Prusse, le roi (Olaf Trageverson) au sud du Norvège, le prince (Vladimir) en Russie en l’année 988, l’évêque (Daniel Petrovitch) au Montenegro, le roi (Charles Robert) en Hongrie et le roi (Saïf Araad) en Ethiopie(51).
Tous ceux-ci ont, dès leur conversion au Christianisme, procédé à l’éradication, la mutilation, au massacre et à l’exil des non chrétiens.
Exemple n°3 : Nous établissons une comparaison entre, d’une part, la tolérance de l’Islam qui fait de l’Etat islamique un (forum) englobant plusieurs religions, doctrines, langues, nationalités, et races et ce depuis la création du premier État islamique à Médine, jusqu’à nos jours, et d’autre part, la situation en Occident qui refuse le principe de pluralisme même au sein du christianisme -pluralité des doctrines- au point qu’il ne connaîtra la pluralité qu’aux dépens de l’autorité du Christianisme et sous la bannière de la laïcité. Et malgré cette laïcité et la proclamation des libertés et des droits de l’Homme, l’Occident n’arrive pas encore à tolérer (l’autre musulman). Les sociétés occidentales connaissent, en effet, une propagation de l’Islam en Europe, ce qui incite les prêtres occidentaux à dire que “l’Islam constitue un défi pour l’Europe et l’Occident en général, que le monde islamique est en train d’étendre son hégémonie, grâce aux pétrodollars, et qu’il ne cesse de construire des mosquées et des centres culturels pour les émigrés musulmans résidents dans les pays chrétiens. Comment pouvons-nous ne pas voir en tout ça un programme expansionniste clair et une autre conquête ?”(52).
Dans les pays islamiques, cet Occident Chrétien essaie, sous l’égide et avec le soutien de la laïcité occidentale, d’évangéliser les Musulmans chez eux. Dans les (Protocoles) des prêtres évangélisateurs réunis, en mai 1978, à Colorado, on peut lire : “L’Islam est la seule religion dont les références d’origine sont en opposition avec les bases du christianisme. Le régime islamique et le plus harmonieux aux niveaux social et politique. C’est pourquoi nous aurons besoin de centaines de centres pour comprendre l’islam et s’y infiltrer avec malignité. Nous n’avons ainsi aucune autre affaire plus importante et prioritaire que la Christianisation des Musulmans”(53).
Il ressort des documents de ladite conférence que ces prêtres avaient l’intention de s’infiltrer dans la culture islamique afin de pouvoir évangéliser les Musulmans par la biais des églises nationales et locales et la main-d’oeuvre technique étrangère, en ciblant notamment la femme et les coopérants Musulmans au sein des sociétés occidentales, et en exploitant les arts et lettres et même en provoquant les catastrophes susceptibles de déséquilibrer la vie des Musulmans facilitant ainsi l’abandon de l’Islam et l’adoption du Christianisme.
Les congressistes ont écrit à ce sujet “Pour qu’il y ait conversion au Christianisme, il faut qu’il y ait des crises, des problèmes et des facteurs mettant les gens -individus et collectivités- hors d’état d’équilibre habituel.
Cette situation pourrait être le résultat de facteurs naturels tels que la pauvreté, les maladies, les catastrophes et les guerres. Elle pourrait aussi revêtir un caractère moral comme la ségrégation raciale ou la dégradation de la situation sociale. Mais en l’absence de telles situations humiliantes, il n’y aurait pas de conversion massive au Christianisme. C’est pourquoi l’assistance aux nécessiteux est un élément primordial dans l’action d’évangélisation ! et puis les gouvernements des pays islamiques changèrent leur attitude hostile, par le passé, aux actions évangélisantes qu’ils commencent à tolérer et ce en raison des besoins accrus de leurs sociétés (54) .
Pour sa part, l’Occident (politique-laïque). tente de mener une guerre au sein de l’Islam pour l’obliger à préconiser la (laïcité occidentale) qui en fera une version chrétienne donnant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu et à adopter la (modernité) à l’occidentale qui opère une rupture avec Dieu et ce qui est occulte, et ce par (l’humanisation) de la religion, qui ôtera à la religion sa véritable dimension religieuse(55) ! Cette (modernité occidentale) est définie par ses adeptes comme substitution de la religion naturelle à la religion divine, car la religion naturelle est la véritable religion (56) ! Elle préconise la raison comme référence et reconnaît seulement sa suprématie absolue tout en appelant à substituer la domination et l’autorité de l’Homme sur la nature à l’hégémonie de l’essence divine sur l’univers(57).
Ce sont là trois simples exemples de l’autre pour ceux qui ont besoin de comparaisons.
La tolérance fit ainsi son apparition dans l’Histoire humaine avec l’apparition de l’islam. Cette tolérance mise en application par l’Etat et la civilisation islamiques permet aux Musulmans d’être fiers du niveau sans précédent atteint par la tolérance sous l’égide de l’islam qui a dépassé la simple reconnaissance de l’autre qui accepte la coexistence avec l’islam. Une tolérance qui fait de l’acceptation de l’exercice d’autres confessions un élément de la religion islamique et l’une des obligations de l’État islamique. l’Islam est même allé jusqu’à faire de cet autre une partie intégrante de soi, de l’État national, nationaliste et civilisationnel comme il a fait des communautés, nations, peuples, tribus et civilisations une diversité dans le cadre de l’humanité. Dieu, gloire à lui, a érigé cette diversité et cette pluralité en loi perpétuelle jusqu’au jour du Jugement dernier. S’il est vrai que le contraste entre les choses permet de voir clairement les aspects positifs, il est encore plus vrai que la tolérance de l’islam est d’autant plus apparente lorsqu’on constate cette misère de l’homme créée par l’Autre dans sa société.
Et si les Musulmans sont en droit de faire de cette tolérance islamique une fierté, ils ont l’obligation de bien comprendre cette tolérance, d’en tirer des enseignements et de répondre favorablement à son message édifiant, au lieu de mener des guerres religieuses, et des croisades et parler de choc des civilisations et de guerres des cultures.
Enfin, nous remercions Dieu tout-puissant des bienfaits de l’Islam et de la tolérance dont Il nous a comblés.
Source: http://www.isesco.org.ma
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