Le défi de la tolérance
Foulard, calotte, « qamis » ou djellaba, que ces migrants économiques rendent visibles en France, constituent donc moins des revendications religieuses que des expressions de la culture d’origine. Signes de reconnaissance aussi, que seule l’acculturation de ces hommes puis de ces familles, fait disparaitre ou accommodent à la terre d’accueil. Peu à peu.
A condition que ce temps de l’intégration leur soit donné. Or, constate Henri Goldman, la France exige leur assimilation, quasi instantanée. De même qu’elle « racialise » l’islam, en superposant encore et toujours religion et origine, musulman et immigré.
Le 11 septembre 2001, évidemment, mais aussi et plus encore la crise économique profonde et durable, ont aggravé les choses. En rendant les lendemains incertains et en entamant profondément la confiance dans la capacité du « modèle français » à séduire et à emporter l’adhésion.
Ces réalités valent, certes, pour tous les pays européens, sinon occidentaux, mais il y a bien un « rejet français » de l’islam. La France, seul pays de l’UE à avoir, à ce jour, voté des lois spécifiques sur le foulard ou le voile intégral, comme anticipations nécessaires à un envahissement humain, culturel, religieux. Au risque d’une ghettoïsation de la diversité, d’une radicalisation des exclu(e)s (réels ou ressentis) de la laïcité républicaine, au nom d’une menace sécuritaire (2) et/ou identitaire, pour une large part fantasmée, qui hypothèque la construction paisible, démocratique et moderne, de l’islam français.
(1)Henri Goldman est le fondateur et rédacteur en chef de la revue belge Politique. Il dirige également Migrations Magazine. Il a participé en 2009 aux «Assises de l’interculturalité» initiées par le gouvernement fédéral, en sa qualité de responsable du département « Migrations » du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (organisme public).
(2) Le livre a été écrit - et l’entretien réalisé- avant les tueries de Toulouse et Montauban, dites « affaire Merah ».
Source : www.rfi.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire