Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF), issu de l'ex-Fédération nationale des Musulmans de France créée en 1985 et proche du Maroc, est sorti vainqueur du scrutin, mais sans triomphe, puisque sans adversaire de taille.
Si bien qu'au lendemain des élections aux conseils régionaux qui lui ont valu 62% des voix de 3.176 délégués votant dans 25 régions, ses rivaux algériens de la Grande Mosquée de Paris (GMP) ont eu beau jeu d'affirmer lundi que "ce scrutin n'est en rien représentatif de la totalité des musulmans de France et des mosquées".
Deux des principale composantes du CFCM, la GMP et l'Union des Organisations islamiques de France (UOIF) avaient appelé à boycotter les urnes. Toutefois, deux des huit fédérations de la GMP, celle du Languedoc-Roussillon et celle de Provence-Alpes-Côte d'Azur, sont passées outre.
Créé en 2003 par le ministère de l'Intérieur occupée alors par Nicolas Sarkozy - dans l'inquiétude qui prévalait après le 11 septembre 2001 - le CFCM était censé devenir l'interlocuteur des pouvoirs publics pour toutes les questions liées à l'islam, qui représente 4 à 5 millions de musulmans en France, loin d'être tous pratiquants.
Il regroupe des fédérations de différentes sensibilités, certaines proches de l'Algérie, comme la GMP, d'autres pro-marocaines, comme le RMF, mais aussi turques, le CCMTF, ou afro-antillaises, la FFAIACA, ou encore proche des Frères musulmans, telle l'UOIF.
Au départ, le "père" du CFCM, Nicolas Sarkozy, avait beaucoup contribué à la désignation de Dalil Boubakeur, recteur de la GMP, figure "historique" de l'islam en France, comme président du CFCM.
Mais, ce tenant de l'islam modéré face à l'intégrisme, a perdu le poste quand il a fallu passer aux élections en 2008. Il avait boycotté le scrutin, contestant déjà le manque de représentativité des critères retenus, notamment "le mètre carré de surface cultuelle".
Le nombre de délégués aux Conseils régionaux du Culte musulman est en effet fonction de la surface des lieux de culte et nom du nombre de fidèles: une salle de prière de 100 mètres carrés donne droit à un délégué, une mosquée de plus de 800 m2 aura 15 délégués, compte non tenu du nombre de fidèles.
Si bien, déclarait récemment Dalil Boubakeur à l'AFP, qu'"il suffirait d'acheter un terrain de 1.000 m2 en Lozère pour avoir plus de délégués que dans 20 m2 en plein centre de Paris".
Les Algériens soupçonnent d'ailleurs leurs rivaux marocains de financer l'acquisition de lieux de culte pour avoir plus de représentants au CFCM.
Quant à l'UOIF, elle a connu ce week-end "une crise dans la crise".
Alors qu'elle rejette toute influence venant de l'étranger - du Maroc et de l'Algérie - son président Fouad Alaoui a démissionné pour "cause de divergence" au sein du conseil d'administration. Ahmed Jaballah, théologien d'origine tunisienne, a été élu pour lui succéder.
Le 19 juin, les conseils régionaux réunis en assemblée générale éliront à leur tour le bureau exécutif et le conseil d'administration du CFCM, lequel choisira le nouveau président du CFCM.
Mohammed Moussaoui, président du CFCM et candidat à sa propre succession, estime que "cette instance, comme toutes les structures en phase de construction, nécessitera encore du temps pour permettre à chaque composante de s'y retrouver".
Source : AFP
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