20 mai 2011

Au collège musulman de Toulouse, priorité aux jeunes filles... voilées

TOULOUSE — Au collège musulman Alif à Toulouse, les jeunes filles voilées sont majoritaires. Elles sont admises en priorité dans cet établissement qui se pose en alternative après l'interdiction du hijab à l'école publique, séduisant de plus en plus de familles.

Alors que l'enseignement musulman fête son 10e anniversaire en France métropolitaine, Abdelfattah Rahhaoui, président du groupe scolaire privé Alif, lui prédit un bel avenir.

Forte du succès du collège ouvert en 2009 dans le quartier sensible du Mirail, l'association Alif envisage d'ouvrir près de Toulouse un lycée à la rentrée 2013.

"Les parents, dit M. Rahhaoui, cherchent une éthique religieuse pour préserver leurs enfants des vices et de l'immoralité, car on assiste à une augmentation de la violence dans l'école publique, où les enfants sont confrontés à la drogue, à la violence, à la sexualité".

"On veut nous imposer une école publique qui impose sa façon de voir. Si une élève ne veut pas aller à la piscine montrer son corps, c'est son droit", plaide le chef de l'établissement. "Dans l'école publique on l'y oblige".

Le collège Alif accueille 55 élèves (dont 40 filles) de la 6e à la 3e. C'est le seul de la région toulousaine (environ 40.000 musulmans) et dans le Sud-Ouest.

L'admission se fait sur dossier et les frais de scolarité mensuels vont de 90 à 130 euros par mois, selon les ressources.

Au collège Alif, souligne Abdelfattah Rahhaoui, "on privilégie les filles, car ce sont elles qui paient les pots cassés de cette loi. Ces filles-là n'ont pas le droit d'aller à l'école publique, elles sont dénudées de leur droit le plus élémentaire de suivre une scolarité".

La Loi du 15 mars 2004, qui "interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse", a favorisé l'émergence des écoles musulmanes, observe Samir Amghar, chercheur au Centre d'étude et de recherche international de l'Université de Montréal.

Les enseignantes elles aussi portent le hijab, ne laissant apparaître que leur visage.

Pour l'une d'elles, "enseigner avec le voile, cela va de soi. Sans le voile, je n'enseignerais pas. Dans le public, on ne m'a pas acceptée telle que je suis", observe cette jeune femme de 27 ans, convertie à l'islam depuis trois ans.

C'est devant le collège qu'une enseignante d'éducation physique portant le niqab (voile intégral) a été prise en flagrant délit par des policiers.

En classe, les filles sont au fond de la salle, les garçons aux premiers rangs. Dans la cour de récréation, les filles jouent d'un côté, les garçons de l'autre.

"Rien n'est imposé, c'est un choix des enfants", assure le directeur.

Alif recherche l'excellence et prépare les élèves à des concours internationaux, en mettant l'accent sur l'anglais et l'arabe, enseigné comme deuxième langue vivante (LV2). Cinq heures d'éducation islamique sont dispensées par semaine, mais pas de cours de musique.

Samir Amghar, également sociologue de l'Institut d'études de l?islam et des sociétés du monde musulman (IISMM), situe le collège Alif dans un courant "de type orthodoxe, socialement et politiquement très consensuel".

Ahmed Elhouzi, un électronicien de 49 ans, est rassuré de savoir sa fille de 13 ans au collège Alif: "Avant, elle était dans un autre collège, où malheureusement, il y a de la drogue, des enfants de son âge qui commencent à fumer. Ici, elle est plus encadrée, c'est carré".

Certaines familles ont même déménagé, dont l'une d'Italie, pour scolariser leurs enfants au collège Alif.

Au rectorat, on n'épilogue pas sur Alif. "Les inspecteurs sont très attentifs au contenu des enseignements", se contente-t-on de dire.


Source : AFP

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