1 avr. 2011

Des instits du privé à l'école de l'Islam

Alors que le débat sur la laïcité suscite pas mal de controverses, les enseignants de trois écoles privées tourquennoises ont participé hier à une formation inédite à la mosquée de la rue Saint-Maurice. Ils voulaient qu'on leur explique l'Islam pour mieux comprendre et accueillir leurs élèves musulmans.


En jargon pédagogique dans l'enseignement catholique privé, on appelle cela une « formation intra-inter ». Autrement dit une formation qui échappe aux schémas académiques pré-établis par de brillants experts. À Tourcoing, les enseignants des écoles Saint-Pierre, Saint-Mathieu et Saint-Jean ont souhaité tout simplement s'intéresser à l'Islam. « Dans nos écoles sont inscrits des enfants issus de familles musulmanes. On a à coeur de les accueillir le mieux possible, d'éviter toute boulette tout en gardant notre identité. C'est important de connaître la religion de ceux qu'on côtoie » , nous explique une enseignante.
D'où une formation spécifique de deux fois trois heures. « Pour nous c'est un peu une première », reconnaît Thierry Vanholderbeke, animateur pastoral à la direction diocésaine de l'enseignement catholique à l'origine, avec Pascal Dame, délégué diocésain à l'interreligieux et président de Roubaix Espérance, de ce stage inédit.
Hier, une trentaine d'enseignants ont ainsi été accueillis à la mosquée la Sunna rue Saint-Maurice, la doyenne des institutions musulmanes de Roubaix puisqu'elle a vu le jour en 1982. Rachid Sahri, président du collectif des institutions musulmanes de Roubaix et guide de cette visite, n'a éludé aucune question. Y compris celles concernant la place de la femme dans la société islamique. Il a admis que la délimitation entre salles de prières pour hommes et pour femmes pouvait paraître anachronique. « Il y a d'un côté la pratique religieuse et le poids de la tradition. La religion n'a jamais établi de supériorité entre les sexes. Mais dans la tradition, au Maghreb, on fait encore la différence. » Appelant de ses voeux l'Islam à l'ouverture et à la modernité, Rachid Sahri trouve également anormal que les prières se fassent en arabe alors que 80 % des musulmans de Roubaix ne le comprennent plus. De là à envisager un Vatican II de l'Islam ?


Le débat sur la laïcité ? Pour quoi faire ? L'Islam n'a rien de monolithique. « Nous sommes avant tout des citoyens. Les intégristes, ce sont ceux qui pensent qu'ils sont les seuls à avoir tout compris des textes. Chez nous, comme chez vous, vous ne trouverez pas deux personnes qui ont le même rapport à la foi. Le but d'Allah, ce n'est pas d'avoir des petits soldats en uniforme. »

Source : www.nordeclair.fr

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