Par Aziz Djendli
La notion de pudeur est une valeur de l’Islam, dont l’un des signifiants est la « paix ». Une des approches classiques des maîtres spirituels dotés d’une grande sagesse (qui constituent une chaîne « selsila » ) s’est traduite par l’enseignement à l’homme de la pudeur, conçue avant tout comme une façon d’être, une attitude agréée qui plaît au Créateur.
Toutefois, et sans verser dans un discours généralisateur, considérer le voile comme un acte de pudeur, en lui conférant le caractère spirituel d’un rapprochement avec Dieu, ne doit pas également évacuer une autre raison, plutôt psychologique, qui peut décider une personne à le porter.
L’un des travers humains bien connu que l’on nomme « attentionnite », c’est-à-dire le fait d’être en recherche constante (consciemment ou inconsciemment de l’attention d’autrui) conduit à une forme de dépendance relationnelle. La pudeur conçue ainsi de façon pratique et simpliste, semble quelque peu éloignée de l’enseignement de l’Islam et du Prophète (SAWS) qui prône un développement spirituel libre et équilibré, source de sérénité psychique.
Dans cette optique, qui allie surtout développement spirituel et bien-être, le « voile » ne peut que recentrer l’humain dans ce qui l’élève sur le plan de la spiritualité et du développement personnel. Il s’agit avant tout d’une intention claire, équilibrée et intime qui peut certes s’articuler en partie sur une tenue vestimentaire, mais surtout et avant tout sur une façon d’être.
Vivre selon les règles du Créateur doit avoir une fonction libératrice et d’épanouissement, qui ne doit pas générer une tension. Il en est ainsi d’une certaine forme de "conditionnement" plus ou moins subtil, qui consiste à transmettre la représentation d’un Dieu qui châtie, compliquant ainsi la relation à autrui.
Pourtant, le simple bon sens permet de se rendre compte que l’Unité et la Miséricorde sont deux attributs divins que Dieu aime à voir se refléter sur ses créatures en relation les unes avec les autres. Nous sommes loin ici des conditionnements négatifs qui ont pu imprégner certains esprits pour les amener inconsciemment à ne voir en Dieu qu’un Être de punition, créant ainsi des névroses, voire davantage auprès des fidèles.
Cette conception d’un Dieu qui ne serait qu’un gendarme céleste, déclenche un sentiment de peur, qui rend difficile la connaissance de soi, et complique aussi bien la recherche d’un équilibre psychologique que celui d’un développement spirituel harmonieux.
En revanche, la crainte amoureuse et respectueuse de Dieu est une configuration psychique qui peut conduire entre autres à susciter une énergie créatrice de l’Univers. A titre d’exemple, l’édification majestueuse par amour et par crainte respectueuse de l’Unique, du palais de l’Alhambra ou des jardins du Generalife en Espagne, ou encore l’écriture de poèmes mystiques des grands maîtres spirituels sont une des nombreuses illustrations de cette force créatrice.
Pour conclure, nous devons procéder à une introspection de nous-mêmes pour y déceler nos propres conditionnements. La notion de « voile » par exemple, doit être envisagée dans sa dimension psychologique et spirituelle. Il convient de l’appréhender comme une façon d’être, qui intègre une vision pédagogique, toujours soucieuse du respect de l’autre. L’islam étant une religion de paix et de connaissance, il est un devoir d’apprendre à mieux se connaître, de comprendre ses motivations et ses intentions afin de vivre sa foi paisiblement, en harmonie avec autrui, comme il plaît à Dieu.
Source: www.oumma.com
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