25 janv. 2010

«Quand je rentre à la mairie, je reste le visage découvert»

Par CATHERINE COROLLER

«J’ai la tête sur les épaules, les pieds sur terre, je ne veux pas retirer mon voile intégral, mais le prophète a dit : "On respecte les lois." Si une interdiction est votée, je serai obligée de la lever, cette voilette qui gêne certaines personnes. Si les politiciens veulent l’interdire, c’est qu’ils ont leurs raisons, c’est de la faute de ceux qui ont forcé les femmes à le porter. C’est vrai qu’on a le droit de porter l’habit qu’on veut, mais c’est vrai aussi qu’il y a une montée extrême des femmes qui le portent de force.

«Mon mari ne voulait pas que je mette le voile intégral, il m’a dit : "On pratique notre islam discrètement." Et maintenant, il me dit : "Si la loi passe, tu retires ton voile. On doit être comme nos parents qui ont respecté les lois françaises." Ses parents aussi sont contre, et les miens aussi. Ma mère m’a dit : "Je vais aller à l’Assemblée nationale et leur dire «oui pour la loi»." Mes parents m’ont toujours dit : "Retire ça, ça t’empêche de vivre."

«C’est sûr que ça empêche des choses, mais c’est une démarche spirituelle. Le voile intégral, c’est moi qui ai voulu le porter. Plus jeune, j’étais très libre, j’avais des amies de tous styles, du hardos au punk. J’ai porté un petit moment le hijab [le foulard, ndlr], puis j’ai voulu faire comme ces femmes qui étaient très pieuses. Je porte le voile intégral depuis douze ans. Toutes les Françaises que j’ai rencontrées et qui portent le voile intégral, c’est pour plaire à leur mari.

«Pour nous, les Maghrébines, c’est une évolution spirituelle. Mais c’est aussi culturel. Ma grand-mère le portait au Maroc, mes arrière-grands-mères aussi. Si je ne les avais pas vues, je n’aurais pas considéré le voile intégral comme quelque chose dans l’islam. Personnellement, je comprends ceux qui sont contre et ceux qui sont pour.

«S’ils votaient une loi interdisant le voile intégral dans les lieux publics, ça ne me gênerait pas du tout, je trouverais même ça normal. Quand je rentre à la mairie, à l’école devant le directeur, je reste le visage découvert, je pense que c’est la moindre des choses. Je ne porte par le voile intégral par rapport au regard des hommes mais par rapport à Dieu. Quand je me suis présentée aux voisins, j’ai retiré mon voile, je ne pense pas que Dieu a demandé d’effrayer qui que ce soit.»

Source: http://www.liberation.fr/

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