Par Stefan Ulrich
Un spectre rôde. Il porte le nom de burqa. Certes, les Français ne peuvent que l'entrevoir car seule une infime minorité des musulmanes du pays porte le voile intégral, mais il fait quand même peur. D'une part, le spectacle de ces femmes voilées met mal à l'aise dans des sociétés qui reposent sur le principe qu'un citoyen libre montre son visage. D'autre part, le voile intégral est interprété comme une déclaration de guerre des islamistes. La compassion des Français pour les femmes qui portent une burqa joue aussi un rôle dans le débat. Et toutes ces raisons font que deux tiers d'entre eux se disent, selon les sondages, favorables à l'interdiction du voile intégral et qu'une mission parlementaire présente des propositions pour lutter contre ce spectre.
Est-ce donner trop d'importance à un phénomène éphémère ? En fait la burqa n'est qu'un élément d'un conflit beaucoup plus vaste : la laïcité de la société française se voit menacée par un nombre croissant de musulmans très croyants, voire radicaux. Tantôt ce sont les filles qui refusent de participer aux cours de sport, tantôt ce sont les parents qui rejettent les cours de biologie qu'ils trouvent contraires à l'islam, tantôt ce sont les maris qui exigent que leur épouse soit traitée par un médecin femme à l'hôpital.
Interdire la burqa, c'est s'attaquer à un symptôme plutôt accessoire. Mieux vaudrait répondre à la question fondamentale de savoir dans quelle mesure on a le droit de vivre selon ses traditions et ses règles religieuses. Au cours des siècles précédents, c'est au christianisme que les sociétés occidentales se confrontaient. Aujourd'hui, c'est de plus en plus l'islam qui prend le relais. L'affaire de la burqa n'est que le coup d'envoi d'un conflit qui promet d'être long.
Source: www.courrierinternational.com
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