5 déc. 2010

ISLAM et CITOYENNETE

Par Alima BOUMEDIENE THIERY

Les Musulmans représentent plusieurs millions de personnes en Europe dont 4 à 5 millions pour la France, et notamment dans les grandes agglomérations : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse….. Dans les grandes villes de la région parisienne, ils représentent un chiffre impressionnant, par exple : Argenteuil 100 000 habitants ils représentent 25 % de la population soit 25 000 personnes.

Attention aux amalgames : tous ne sont pas étrangers, et tous ne sont pas arabes, tous ne sont même pas pratiquants, mais culturellement ou sociologiquement considérés comme musulmans. Des millions sont d’une « nationalité européenne » donc citoyens d’un pays membre, notamment en Allemagne, France, Grande Bretagne, mais aussi en Espagne, Italie, Pays Bas, Belgique,…

L’histoire a créé des liens particuliers entre certains pays et des idéaux continuent jusqu’à maintenant à bercer certains rêves : la France et le Maghreb, la Grande Bretagne et le Moyen-Orient ou l’Egypte, l’Allemagne et la Turquie, la Belgique ou les Pays Bas avec de nombreux pays d’Afrique noire, …..

Je ne parlerai pas des massacres qui ont fait coulé le sang de nos parents en Europe, lors des guerres mondiales, ou encore des tortures ou des violences pendant les guerres de décolonisation… Je ne refuse pas cette mémoire, au contraire je pense que le passé est un point de passage salutaire pour concevoir l’avenir, comme la justice puis le pardon sont deux étapes indispensables avant la réconciliation nécessaire pour construire la paix. Mais je me refuse de justifier par le sang ou les sacrifices notre présence ici, à nous musulmans. Tout comme je refuse catégoriquement le discours de la « victimisation » engendrant un certain paternalisme qui entrave l’autonomie.

Mais d’ailleurs, les autres personnes d’origines diverses, justifient-ils leur présence en Europe et leur raison d’être, d’y vivre et d’y travailler ? Alors pourquoi, nous Musulmans, devrions-nous nous justifier ? Notre présence est aussi légitime que celle des autres !

Je ne parlerai pas non plus de la valeur ajoutée que nous apportons à l’Europe par par notre contribution socio-économique, notre travail, notre participation à la solidarité nationale, mais aussi par nos différences, par la richesse de nos expériences, par notre patrimoine historique et culturelle et la diversité de nos valeurs et nos traditions. Par cette pluralité culturelle dont nous sommes porteurs, nous faisons vivre nos identités plurielles et nous créons une dynamique interculturelle qui donnent un souffle nouveau aux sociétés contemporaines.

Nous sommes tous résidents en Europe, et quel que soit notre statut et nos diverses nationalités, nous appartenons au peuple d’Europe ! C’est ainsi qu’il faut nous accepter, tels que nous sommes, avec nos génies et nos tares, nos réussites et nos échecs. Il n’est pas question d’abandonner nos malades, nos handicapés, nos pauvres, nos parents âgés ou nos frères en prison... pour se faire accepter ! Certains pourront le regretter, le déplorer, le combattre, mais c’est irréversible ! Nous sommes ici chez nous, nous le resterons et nous le faisons savoir, sans aucun complexe ni aucun esprit de revanche, mais seulement une détermination : vivre ensemble dans la Justice, la Liberté et l’Egalité, en faisant vivre le dialogue et la solidarité. Ces valeurs universelles que certains appellent républicaines ou d’autres valeurs philosophiques ou spirituelles !

Je ne suis pas théologienne, ce n’est donc pas de ma compétence pour vous parler du Coran et de l’Islam, en tant qu’idéologie religieuse. Je ne suis pas historienne pour vous parler de l’histoire et la culture de la civilisation arabo-musulmane. J’en serais incompétente, bien que je sois persuadée que toutes les civilisations sont porteuses de bonnes et moins bonnes choses, et qu’une civilisation n’est jamais supérieure, ni inférieure à une autre civilisation.

Raison pour laquelle je suis révoltée d’entendre en ce moment des personnes nous dire que nous sommes en pleine guerre de civilisations, ou que la civilisation judéo-chrétienne est supérieure ("judéo" depuis 1945).

Si je suis invitée à venir vous parler d’Islam et de citoyenneté, en tant que députée européenne, il est vrai d’origine arabo-musulmane et musulmane, c’est en raison de mon combat, dans les associations ou au PE, centré sur l’égalité des droits, les Libertés fondamentales et la Citoyenneté.

Il est important de rappeler en ces jours particulièrement éprouvés par les atroces attentats, que l’on peut être musulman et citoyen, qu’un musulman peut être laïque dans sa vie sociale, son comportement et ses choix de vie, et qu’il se doit de respecter la laïcité au sein de la société, bien que celle-ci ne soit pas toujours laïque, sans pour cela vouloir laïciser l’Islam (il est abberrant de penser qu’une religion peut être laïque !).

I - Citoyenneté et Islam

Les Musulmans, comme tout individu, sont citoyens ou aspirent à le devenir, ils assument leurs obligations et doivent obtenir leurs droits.

Être citoyen, c’est participer à la vie de sa cité, savoir assumer ses responsabilités notamment politiques et adhérer à un contrat social donc aux valeurs universelles de Paix, Liberté, Egalité, Justice, respecter les Droits Humains Fondamentaux et les libertés démocratiques, et faire vivre au quotidien la Solidarité.

Les droits : c’est là que ça se complique !

Lorsqu’il s’agit d’obligations, l’Islam ne pose pas de problème particulier. Musulmans ou non, comme tout le monde, lorsque l’on travaille, on contribue par nos impôts et nos charges à l’équilibre de la SS, à la caisse de retraite, à la création et l’entretien des écoles, des routes, de l’éclairage public…. c’est normal, puisqu’on les utilise comme les autres. Selon nos revenus et nos charges, on participe financièrement : c’est la solidarité nationale ou locale !

Lorsqu’il s’agit de nos droits, c’est plus difficile. En principe, nous devrions bénéficier des mêmes droits également : droits sociaux-économiques, politiques, culturels y compris cultuels, avec une égalité de traitement.

En ce qui concerne les droits économiques et sociaux, il y a une évolution. Même si les discriminations se poursuivent sur le marché du travail, l’accès à la formation, le droit au logement, à la santé ou à l’éducation, des textes existent et des lois nous garantissent un minimum de droits. C’est à nous de rester vigilants dans leurs applications et à ne pas hésiter à nous battre en utilisant tous les moyens de pression politique ou d’intervention judiciaire pour les faire respecter et demander réparations. Quelle que soit notre nationalité, la discrimination existe (le délit de faciès) et la machine à exclure poursuit son travail avec ou sans droit de vote. Même l’appareil judiciaire participe pleinement à cette injustice fondée sur la discrimination raciale (Cour d’Assises de Versailles).

Quant aux droits politiques, des petites progressions émergent pour 2 raisons :
- tous ceux qui ont acquis une nationalité européenne, celle du pays où ils résident, et peuvent ainsi créer le rapport de force politique et jouer la pression électorale.
- tous ceux qui ont un engagement politique, syndical ou associatif, même sans droit de vote, ont un pouvoir d’influence et d’intervention auprès des familles, amis et voisins. Leur mobilisation et leur conscientisation obligent à une prise en considération de leurs préoccupations, à une écoute de leurs demandes. Pour être efficace, cette mobilisation associative doit se faire en intégrant des structures communautaires mais aussi des associations diverses (assoc de parents d’élèves, comités de quartiers, sportifs, culturels, …). Il faut marcher sur 2 pieds pour ne pas boiter : le communautaire et les associations de la société civile.

La citoyenneté de Résidence, pour laquelle je plaide, fait émerger un nouveau concept de citoyenneté liée à la résidence permettant d’octroyer des droits et d’assumer des responsabilités là où on vit, et non selon sa nationalité, afin de mettre fin à la préférence européenne se substituant à la préférence nationale. C’est sur ce concept de démocratie de résidence que nous articulons la revendication d’Egalité des Droits à tous ceux qui résident sur le territoire européen et partagent cette espace de vie commune qui se veut sans frontière !

En France nous parlons de la citoyenneté comme adhésion à un contrat social, celui d’une République laïque et démocratique. De cette laïcité, émerge la distinction rappelée à chaque fois que l’on parle de religion : sphère privée et sphère publique, et qui ainsi fonde la séparation de l’Etat et de la Religion.

Or, pour les droits culturels, y compris les droits cultuels, on se bat encore pour avoir des cours d’histoires des religions et des civilisations dans les écoles, des cours d’arabe reconnus en 1ère ou 2de langue dans tous les collèges et lycées, et surtout de ne plus avoir besoin de se terrer dans des caves pour prier. Or c’est encore la galère pour la construction d’une Mosquée, souvent refusée sous des prétextes techniques et administratifs pour cacher la frilosité des politiques. Les moyens permettant l’expression et l’exercice de notre culte nous sont refusés ou sont moindres par rapport aux autres religions, au nom de la loi de séparation de l’Etat et des Religions.

Cette séparation n’empêche pas le préfet, représentant le gouvernement, de nommer le Mufti de Mayotte et d’accepter l’introduction de certains droits coutumiers dans la loi française. Les Conventions bilatérales et le Droit International instituent le statut personnel qui soumet les femmes à un code de la famille injuste et contradictoire à nos principes, mais dont nos tribunaux sont tenus d’appliquer !

II - Laïcité ?

Partout le pouvoir est fondé sur un contrat social, et depuis longtemps il a cessé d’avoir un fondement divin. L’Etat est non seulement indépendant de la religion, mais il est au dessus d’elle. Ce sont des lois votées au Parlement qui gèrent la société et non des lois religieuses. Dans tous les états européens, les citoyens sont libres et indépendants de la religion et leur statut de citoyen est défini par la loi qui annonce le cadre juridique des droits et des devoirs de chacun, et les sanctions si des délits existent. Quelle que soit la religion du citoyen, elle lui est personnelle, et les citoyens sont égaux devant la loi qui s’applique dans les Tribunaux.

Par contre, les Etats garantissent la liberté religieuse d’une manière désormais identique, définie dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Cette transformation va de pair avec l’évolution des mentalités influencées, voir imposées, souvent par des élites laïques progressistes de gauche ! Il est vrai que certains pays peuvent parfois connaître des menaces de retour de traditions ou de fondamentalisme, mais qui restent très minoritaires.

En général, l’identité politique n’a pas de référence religieuse. Souvent la religion reste au cœur de l’identité culturelle ou encore de l’identité « nationale » ou bien encore de l’identité sociale. Mais dans aucun cas, elle n’agit dans l’espace de pouvoir appartenant à l’identité politique.

Depuis les années 70, une dynamique commune a travaillé l’ensemble des pays européens et la laïcité, spécificité française, est devenue une réalité européenne.

Pour cette raison, les législations européennes ne font pratiquement jamais références aux religions, sauf en terme de respect des Droits Humains, des Libertés démocratiques ou de Droits des Minorités. Mais cette question reste floue, imprécise, et son approche est surtout culturelle, linguistique, ..., (peu politique ou sociale).

Quant à l’Islam, nous savons qu’il est souvent lié à d’autres phénomènes dont l’histoire coloniale instituant le rapport « dominé - dominant », se prolongeant aujourd’hui dans le rapport « pays développés et pays sous-développés » puis engendrant les flux migratoires, et enfin regroupant une part importante de personnes défavorisées socialement ou économiquement.

A cela s’ajoute l’ignorance des uns et des autres, alimentée par les clichés stéréotypes, trop souvent véhiculés par les médias, attisant la xénophobie, fabriquant le racisme et recréant l’exclusion et la discrimination. C’est le cercle infernal de la violence !

Mais si pendant longtemps les musulmans d’Europe étaient les plus pauvres, venus pour fuir un déficit économique et démocratique et faire vivre et nourrir leur famille au pays nourrir... Aujourd’hui, une véritable évolution existe et grâce au sacrifice de toute une génération, la promotion sociale et culturelle change le visage de l’Islam d’Europe.

Nous savons que la question islamique se pose à chaque fois en termes de clichés, d’amalgames, de peurs, d’incompréhensions ou de polémiques, pour un pouvoir de représentation, se mêlant à des besoins de reconnaissance ou à des aspirations personnelles, avec des responsabilités qui incombent à tous, y compris aux Musulmans eux-mêmes !

Avec la situation actuelle, attentats et terrorisme, des amalgames dangereux et une Islamophobie émergent, rendant le « vivre ensemble » encore plus difficile. Il est urgent d’appeler au dialogue, comme l’ont fait plusieurs communautés religieuses, afin de favoriser une meilleure re-connaissance et un respect mutuel.

Mais là aussi attention à ne pas se focaliser sur l’Islam, à assigner à résidence les musulmans en leur demandant de prêter serment. à créer la suspicion en leur demandant toujours de "prouver" ou de se justifier ! Lorsque l’on déclare ne pas faire la guerre aux musulmans, c’est également cesser de les montrer du doigt et de les traiter différemment.

Un dernier mot plus personnel et en toute franchise. Il s’agit, en France, de cette nouvelle « organisation des représentants des Musulmans de France » à l’initiative de M. Chevènement en 1999 et qui aujourd’hui a pris corps avec différentes organisations musulmanes ou "soi-disants" représentants de la communauté :

1) sous l’égide du Ministre de l’Intérieur, aussi Ministre des Cultes, comme Ministre de l’immigration ou de l’asile, cet amalgame me pose toujours problème car il est révélateur d’une politique répressive et de lois policières de sécurité et de contrôle ;

2) cette structure est sensée me représenter en tant que musulmane, mais comment peut-on me représenter si ce n’est pas moi qui choisit mon représentant par un vote ? C’est la règle de la représentativité dans toute démocratie contemporaine !

3) cette charte que les associations ont dû signer et qui se décline aujourd’hui comme « charte de paix » dans plusieurs communes me choque encore davantage.

Ce texte, élaboré en collaboration avec la Mairie, declare refuser de tomber dans l’amalgame -islam/terrorisme- ; Or le titre même « de paix » me fait penser que nous étions en guerre dans nos banlieues, en guerre de religion bien évidemment, puisque ce sont les religieux qui sont appelés à signer. Pourquoi seulement les religieux ? Dans cette charte, tous le monde s’engage à travailler et à œuvrer pour la paix et la tolérance, comme si ce n’était pas le cas avant ! Ce qui est paradoxale, c’est que, subitement, on demande aux religieux de se prononcer et de montrer « pattes blanches », or jusqu’à maintenant la majorité des pratiquants vivaient tranquillement leur religion, sans flash ni micro !

Pourquoi aujourd’hui, au lendemain des attentats, nous « sommer » de faire une déclaration publique, n’est-ce pas là de la suspicion ?

On nous fait signer une charte, donc un engagement comme lorsque l’on prête serment. Signer un engagement pour que l’on nous fasse confiance et pour prouver que l’on se reconnait responsable (avant cette confiance n’exitait donc pas ?)

Déjà dans cet appel du Ministre Chevènement en 1999 à signer une « Charte des droits et des devoirs du Musulman de la République », charte désignée comme « déclaration d’intention sur les droits et obligations des fidèles du culte musulman » nous montre du doigt, et ainsi à une assignation à résidence que l’on nous astreind.

Je ressens personnellement cette initiative comme une humiliation. C’est une suspicion envers moi en raison de ma religion, après on me reprochera un repli communautaire mais n’est-ce pas là une manière de me renvoyer à ma communauté ?

On nous exige « d’affirmer notre attachement aux principes fondamentaux de la République » en souhaitant que « les ministres du culte soient majoritairement de nationalité française…. » comme une garantie pour l’Etat et la sécurité nationale.

Quel amalgame avec le terrorisme ! Exprimé par des personnes qui nous connaissent si bien, est-ce là un amalgame gratuit ou volontaire ? Je ne préfère pas répondre à cette question, et je revendique également mon droit à la suspicion !

Mais enfin, M. le Ministre, M. le Maire, comment peut-on penser que je me devais d’affirmer publiquement mon engagement comme un serment, sans me sentir accusée de certaines choses malgré moi ? et ma dignité ?

Ni mes parents, ni ma famille, ni moi-même, n’avions par le passé failli au respect de cette République, pour justifier une telle demande officielle et un engagement écrit ? et la confiance mutuelle ?

Comment nos parents et tous ceux de leur génération qui se sont battus hier, contre le fascisme et le nazisme, et ont laissé une partie de leur vie et de leur santé pour la liberté, la justice et la richesse de la France, pourraient-ils oublier les fondements de la République aujourd’hui ?

Pourquoi suis-je capable de représenter la France au Parlement Européen, et incapable de respecter les valeurs et les principes de ce pays que je représente au plus haut niveau ?

Pour conclure,

cet engagement suffit-il à mettre fin aux ingérences étrangères, ou aux réseaux affairistes que craignent les responsables politiques ? ou encore aux fanatiques qui drainent nos cités avec succès grâce aux discours démagogiques qui facilement touchent les jeunes, victimes d’injustices, de rejet, de racisme, d’ exclusions, de misère tant sociale que culturelle ?

Mais il faut dire qu’on leur mâche bien le travail, qu’on leur prépare le terrain avec des jugements comme ceux des Assises de Versailles qui s’ajoutent au chômage, l’échec scolaire, au mépris qu’ils vivent au quotidien…

Pourquoi ce procès d’intention, envers tous les fidèles, fait par l’injonction de signer, si non chantage à l’exclusion dans « l’impossibilité de voir naître un Islam intégré selon les principes de la République » ?

Les responsables politiques doivent cesser de penser l’Islam comme une minorité religieuse manoeuvrable à souhait, que l’on utiliserait pour faire bonne figure et rassurer un certain électorat, ou pour se donner bonne conscience et s’atirer un nouvel électorat.

Mais, ne sait-on pas, avec tous les spécialistes sur la question, que cela fait longtemps que Nous, musulmans de France, toutes générations confondues, avons bien « intégré » tous les principes de la République, sans cri ni violence ? Que nous vivons notre religion tranquillement au quotidien, discrètement, depuis plus de 50 ans pour nos parents, sans chercher à mettre en péril ce pays auquel nous contribuons à enrichir par notre travail et notre culture ?

L’Islam n’est elle pas une religion comme les autres ? Pourquoi en avoir peur ?

Pour les musulmans comme pour tous les citoyens, notamment les plus exclus ou les fragilisés, l’égalité des droits est la meilleure arme contre toutes les exclusions, exploitations et discriminations qui font le lit des extrémistes de tous poils.

Ainsi, donner l’égalité des droits, y compris cultuels, à tous les citoyens, est la meilleure façon de lutter contre les extrêmistes religieux qui utilisent ignorance, mépris et injustice pour grossir leurs rangs et semer la haine et la terreur.

Je vous remercie,


Source: http://alima-boumediene.org

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire