2 sept. 2010

CIVIL RIGHTS - Les musulmans américains ne “veulent pas être invisibles” (”Mother Jones”)

“Nous ne sommes pas invisibles”, c’est le cri que pousse une femme musulmane dans le magazine de gauche américain Mother Jones, devant l’instrumentalisation du projet d’ouverture d’une mosquée dans le bas Manhattan, que ses opposants ont baptisée “mosquée de la terreur”.

L’auteure commence par rappeler certaines vérités oubliées, selon elle, par certains Américains : les musulmans “ne sont pas un ensemble monolithique tout entier tourné vers la destruction du christianisme”, explique-t-elle. “Les musulmans sont issus d’ethnies et de nationalités diverses. Ils sont Arabes, Indonésiens, Iraniens, Canadiens et Américains. Ils conversent en une myriade de langages dont l’ourdou, le russe, le turc, le français et l’anglais. Comme de nombreux Américains, beaucoup de musulmans pleurent la tragédie en cours à Gaza, et tout comme beaucoup d’Américains, certains s’en moquent totalement. Certains sont aussi croyants que les chrétiens allant à la messe tous les dimanches, d’autres ne font pas la différence entre La Mecque et McDonald’s.”

“Je n’irai pas m’asseoir au fond du bus”

Militante démocrate, elle se souvient surtout d’avoir été en contact direct, en faisant du porte-à-porte dans l’Ohio, avec des personnes ouvertement islamophobes qui accusaient Barack Obama d’être musulman. Selon eux, il s’agissait d’une condition suffisante pour ne pas voter pour lui. A l’époque, explique-t-elle, elle n’avait pipé mot. Jamais elle n’avait dit être elle-même musulmane. Encore moins avait-elle attaqué l’idée qu’être musulman ne constituait pas une tare pour un président américain. Elle n’avait pas osé et à l’époque, le camp démocrate avait clairement demandé à ses troupes de ne pas entrer dans ce débat. “Il fallait seulement insister sur le fait que Barack Obama allait régulièrement à l’église”, raconte-t-elle.

Aujourd’hui, à la lumière de la stigmatisation vécue par les musulmans, elle regrette de n’avoir jamais parlé : “Si je pouvais reprendre du début et retourner en Ohio, j’ignorerais les consignes de la campagne pour Obama. Je m’élèverais contre la désinformation dont étaient victimes (ces personnes) et je leur dirais que je suis musulmane. Pas une “musulmane modérée”, pas une “bonne musulmane occidentalisée”, mais une muslmane comme Mahmoud Darwish, come Shirin Ebadi ou Mohamed Ali, comme certains chauffeurs de taxi de New York ou des banquiers de Wall Street. Mais je suis aussi une Américaine, née en Californie avec aucun autre pays d’attache. Comme mes coreligionnaires, j’aime mon pays et j’y ai des racines bien attachées. Crachez-moi dessus et sur ma foi si ça vous chante, mais notre Constitution m’a donné une place. Je n’irai pas m’asseoir au fond du bus.”


Source: ttp://bigbrowser.blog.lemonde.fr

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