9 août 2010

Quand Elisabeth Levy veut interdire aux catholiques d'appeler leur enfant Mohamed

Ceux qui comme moi ont écouté RTL, jeudi soir aux alentours de 19 heures doivent être encore sous le choc. Entre la chasse aux Roms ouverte le mercredi et l'annonce de la création prochaine de Français moins français que d'autres le vendredi, Elisabeth Levy nous a servi une petit couplet de sa composition, comme elle aime à les chanter sur les ondes, c'est à dire sans contradicteur.

A l'origine, une déclaration de Martin Hirsch en date du 1er juillet dernier. Une déclaration de bon sens, qui aujourd'hui, compte tenu de ce qui s'est passé depuis, le place un peu en porte à faux au sein du régime dirigé par l'actuel chef de l'État français.

Martin Hirsch sur Canal Plus, parlait intégration, immigration, république, rappelant que nulle cause n'était jamais perdue, il a conclu ainsi : « La vraie intégration, c’est quand des catholiques appelleront leur enfant Mohamed ».

Pour tout personne sensée vivant dans une France républicaine, laïque, l'interprétation des propos de l'ex-Haut commissaire aux Solidarités actives (sic) coule de source. Il arrivera un jour, où, conformément à son histoire à sa tradition, la France aura réussi à intégrer les descendants de la vague d'immigration venue des pays du Maghreb. Et cet inéluctable moment venu, oui, des catholiques appelleront leurs enfants Mohamed. Naturellement. Pour la beauté du prénom. De la même façon qu'ils pourraient l'appeler Michel, Georges, Pouriah, Cuong, Youri, Jean, Toshiro, Adam, Ramsès etc.

Bref, il n'y avait pas de quoi s'alarmer de cette déclaration de bon sens. Sauf pour Elisabeth Levy.

Attention ! Selon elle, la remarque de Martin Hirsch ne visait rien de moins qu'à déclencher une guerre de religion ! Le Lévy dans le texte, cela donne : « Mohammed n’est pas n’importe quel prénom arabe et il le sait, c’est celui du Prophète. D’ailleurs, il ne lui est pas venu à l’idée d’inviter des juifs et des musulmans à appeler leurs mômes Jésus ou Christian – et heureusement. Ce ne sont pas les croyances qui minent la République mais leur exhibition dans l’espace public. Le prénom que l’on donne à ses enfants relève de la vie privée. » Donc, si l'on suit bien Elisabeth Levy, appeler un enfant Mohamed c'est comme porter une burqa dans la rue. C'est une exhibition religieuse qui est, de son point de vue, insupportable, intolérable, inconcevable dans l'espace public ! Malheur à tous ceux qui portent le prénom de Mohamed, ce prénom par nature synonyme de guerre de religion, conflit de civilisations, ils sont les enfants des nouveaux envahisseurs. Elisabeth Levy les a vus, elle, une nuit où elle s'était égarée en cherchant un raccourci vers la France de 1789 qu'elle ne trouva jamais. Elle sait que le cauchemar a déjà commencé. Que faut-il faire alors ? Légiférer pour interdire à tout porteur du prénom Mohamed de sortir dans l'espace public car celui-ci est incompatible avec la France rêvée de madame Lévy ? Et édicter des peines de prison pour tous les Mohamed qui oseront exhiber dans l'espace public leur insupportable prénom qui "mine la république" ?

Et ça encore : « Pour Martin Hirsch, la France n’est pas une terre d’accueil – et l’une des plus généreuses qui soit – mais un vieux pays cramponné à son passé criminel qu’il faut rééduquer. En commençant par les enfants. Curieuse conception pour un serviteur de l’Etat ». C'est bien connu, émettre l'idée que des catholiques puissent un jour appeler leur enfant Mohamed, c'est se comporter en Ben Laden tendance Khmer rouge.

Et encore : « On ne demande plus aux derniers arrivés de faire comme les Romains à Rome. En revanche, les Français catholiques, également dits « Gaulois », sont sommés d’adopter les usages de leurs concitoyens. En clair, pour être parfaitement accueillante, la France doit cesser d’être la France et ressembler aux pays d’origine de ses citoyens issus de l’immigration ». Hirsch n'a jamais dit cela, il a même dit plutôt le contraire, respectueux de la France, de son histoire, de ses traditions, mais quand Elisabeth Lévy se laisse aller à fantasmer l'ennemi imaginaire en débitant son argumentaire islamophobe prêt l'emploi, elle ne se contrôle plus.

Et Elisabeth Levy, façon « béret basque et bottes de cuir », de conclure fièrement, enivrée de la joie d'avoir démasqué un nouvel agent de l'antifrance islamisée, que l'infâme Martin Hirsch « a bel et bien trouvé la clé de l’intégration : la conversion. Il suffisait d’y penser ».

Je vais sans doute causer beaucoup de peine à Elisabeth Levy, mais je sais qu'il existe déjà des familles de confession ou culture catholique, qui ont prénommé leur enfant Mohamed. Ce sont des enfants biologiques (les couples mixtes, ça existe Elisabeth... J'imagine que cela doit être insupportable de savoir que des mâles arabes épousent des petites catholiques bien de chez nous, mais ça existe). Et il existe aussi dans ce cas des enfants adoptés, donc tous citoyens français. Pour ma part, je connais une famille dans ce cas. Et j'en connais aussi qui ont conservé ou donné à leurs enfants d'autres prénoms de langue arabe, mais aussi asiatiques, hispaniques etc... Et ce faisant, tous ces parents (dont pas mal sont de culture catholique) n'ont pas eu la sensation d'être sommés de renoncer à leur France, à leurs usages et à leur liberté de conscience. La seule peur des parents du petit Mohamed que je connais (et des autres aussi, croyez-moi), c'est qu'un jour, grâce au gouvernement actuel et ses relais médiatiques, cet enfant devenu grand soit considéré comme un Français pas vraiment français à cause de la couleur de sa peau et/ou de son origine géographique. Et mieux encore, parce qu'ils sont Français, républicains et catholiques, rien ne les révoltent plus que les propos d'Elisabeth Levy, l'idiote utile radiophonique du sarkozysme, parce que de leur point de vue, ce qu'elle dit n'est ni catholique, ni républicain, ni français, mais tout simplement inhumain, tribal et effrayant.

PS: Elisabeth Levy est devenue l'icone des sites d'extrême droite identitaire. On a les succès que l'on mérite non ?

Source: www.lepost.fr

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