6 sept. 2011

Et pendant ce temps-là, à la "Mosquée de Ground Zero"…

Cible d’une violente controverse l’an dernier, le centre culturel islamique Park51 ouvrira bien ses portes à deux rues de Ground Zero. Une première expo-photo doit y avoir lieu le 21 septembre.

La salle de prière de Park51 se remplit petit à petit. Les fidèles déposent leurs chaussures dans l’entrée avant de fouler la moquette verte, striée de bandes noires orientées vers la Mecque. L’imam Shamsi Ali, qui dirige la prière ce récent lundi soir, prend place dans un coin de la grande salle aux murs blancs, éclairée au néon. Derrière lui, une quarantaine de personnes se prosternent. C’est la fin du ramadan et Park51 plonge dans la méditation.

De l’intérieur, « la mosquée de Ground Zero » parait bien plus ordinaire que de l’extérieur. L’an dernier, ce centre culturel islamique situé à deux rues au nord du site des attentats était la cible d’une violente fronde organisée par des familles de victimes du 11-Septembre, la bloggeuse conservatrice Pamela Geller et des responsables politiques. Pour eux, cet édifice, affront à la mémoire de ceux qui sont morts le 11-Septembre, devait disparaître. 
Mais aujourd’hui, Park51 semble s’être fondue dans le paysage. Les permis nécessaires ont été obtenus. Les emails haineux ont cessé, précise-t-on au sein de l’organisation. L’attention médiatique est retombée. Il n’y a plus de manifestants en colère sur le pas de la porte. Bon an mal an, le centre étoffe sa programmation. Des activités de capoeira, de yoga pour enfants et des prières ont lieu tout au long de la semaine dans une annexe en attendant la fin de la rénovation du bâtiment principal, juste à côté.
Ce bâtiment, c'est une ancienne usine à manteaux. Son toit a été endommagé par la chute du train d’atterrissage de l’avion qui s’est encastré dans la tour nord. A la fin des travaux, dix ans après les attaques, le bâtiment accueillera un espace de prière, une piscine, un auditorium, une crèche, une école culinaire et un mémorial pour les victimes du 11-Septembre. Une exposition inaugurale sur les enfants de New York est prévue le 21 septembre. « J’ai hâte de voir ce que cet endroit va devenir, s’exclame Raja, un fonctionnaire de la ville de New York qui se rend à Park51 pour prier. Il va devenir un lieu multiculturel où nous allons pouvoir montrer à tous ce qu’est l’islam. »

"On a le droit d’être ici"

En un an, les responsables de Park51 ont tout fait pour calmer le jeu. Le développeur Sharif el-Gamal, un New Yorkais, a décidé de prendre ses distances avec l’imam Feisal Abdul Rauf, visage controversé du projet, et a dit dans un entretien récent au New York Times que la forme finale du bâtiment serait décidée par le quartier et les musulmans qui utilisent le centre. Ce qui laisse entendre que les plans initiaux pour construire une imposante structure de 15 étages, assimilée par les opposants à une « méga-mosquée », ne sont plus à l’ordre du jour. 
Le centre cherche aussi à se trouver des soutiens en dehors de la communauté musulmane. Un récent lundi soir, Park51 a ouvert ses portes au quartier pour fêter l’aïd al fitr, la fête qui clôt le ramadan. Un pasteur et un rabbin avaient été conviés pour l’occasion et une séance de levée de fonds organisée pour soutenir la banque alimentaire d’une église new-yorkaise. « Park51 est ouvert à nos frères et sœurs chrétiens, juifs et autres, assure l’imam Shamsi Ali. Nous ne voulons pas être uniquement une maison pour les musulmans. Nous voulons que tout le monde se sente à l’aise ici. »
L’opposition au projet n’est pas complètement retombée. Récemment, le candidat républicain au remplacement du représentant Anthony Weiner, éclaboussé par un scandale de photos suggestives, a accusé son opposant démocrate de ne pas être assez hostile au centre. Et, le 11 septembre prochain, plusieurs opposants appellent à un nouvelle manifestation contre Park51. « Ils ont le droit de manifester, estime Katerina Lucas, responsable du personnel de cinq personnes que compte désormais le centre. Mais on a le droit d’être ici. »

Source : www.francesoir.f


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