5 oct. 2010

Début du procès du député d'extrême droite Wilders pour incitation à la haine raciale

Le procès pour incitation à la haine raciale du député d'extrême droite Geert Wilders s'est ouvert lundi à Amsterdam. Le parlementaire, connu pour ses prises de position anti-islam, en a appelé à la liberté d'expression avant d'invoquer son droit au silence devant le tribunal, à l'heure où sa popularité et son influence aux Pays-Bas sont quasiment au plus haut.

Geert Wilders est poursuivi pour avoir insulté un groupe sur la base de sa religion, et pour incitation à la discrimination et/ou à la haine, contre les musulmans, après avoir comparé l'islam au nazisme et réclamé l'interdiction du Coran.

Il a mis en avant lundi son droit à la liberté d'expression, arguant que ses propos ne débordaient pas le cadre strict de la loi. Wilders risque un an d'emprisonnement s'il est reconnu coupable, mais une amende semble plus probable. Quelle que soit l'issue du procès, il pourra de toute façon conserver son siège de parlementaire.

"Je suis un suspect ici parce que j'ai exprimé mon opinion en tant que représentant" du peuple, a-t-il lancé en début d'audience. "Je passe en jugement ici aujourd'hui, mais avec moi, la liberté d'expression de nombreux, nombreux Néerlandais est également jugée", a-t-il ajouté, en référence aux plus de 1,4 million d'électeurs qui ont porté sa formation, le parti de la Liberté (PVV), en troisième position lors des législatives de juin dernier.

Après avoir défendu la liberté d'expression en ouverture, Geert Wilders a refusé de répondre aux questions des trois juges, faisant valoir son droit au silence. Le procès a alors été ajourné jusqu'à mardi.

Le magistrat présidant l'audience, Jan Moors, a observé que le parlementaire était connu pour être l'auteur de propos osés mais aussi pour éviter tout débat. Il semble que ce soit à nouveau le cas aujourd'hui, a-t-il noté.

L'avocat de Wilders, Bram Moszkowicz, a aussitôt riposté, estimant que cette remarque tendait à démontrer la partialité du juge, et a demandé à ce qu'il soit remplacé. Cette requête a entraîné le report du procès pour une journée au moins, le temps de son examen.

Si Jan Moors était autorisé à rester, "il ne s'agirait que d'un procès politique, mais aussi d'un procès inéquitable avec des juges ayant des préjugés", a jugé Geert Wilders.

Son arrivée au tribunal d'Amsterdam avait été entourée d'étroites mesures de sécurité. Quelques opposants étaient rassemblés derrière une banderole dénonçant le règne du "fascisme".

Mohamed Rabbae, président du Conseil national des Marocains (modéré), a souhaité que les juges contraignent Geert Wilders à présenter des excuses.

L'affaire a suscité un immense intérêt aux Pays-Bas, où l'ouverture du procès était retransmise en direct à la télévision. Une décision est attendue le 4 novembre, mais en cas de remplacement des juges, le procès pourrait être reporté pendant plusieurs mois.

Ce procès intervient alors que le PVV a accepté de soutenir un nouveau gouvernement de droite qui devrait entrer en fonction ce mois-ci aux Pays-Bas, ses alliés politiques ayant promis en échange d'appliquer une grande partie de ses propositions anti-immigration.

Dans un pays où les questions d'immigration ont dominé la vie politique ces dix dernières années comme dans beaucoup d'Etats européens, le député a été comparé à feu Jörg Haider en Autriche et Jean-Marie Le Pen en France.

Ses prises de position ont une profonde résonance chez les électeurs néerlandais qui ont reconsidéré leur célèbre tolérance sur fond de crainte d'une érosion de leur propre culture par des immigrés. Environ six pour cent de la population est aujourd'hui musulmane aux Pays-Bas.

Parmi les remarques de Wilders en cause dans le procès, figure un éditorial dans le quotidien "De Volkskrant", où il appelait à interdire le Coran, "ouvrage fasciste" et l'entrée de tout nouveau musulman dans le pays. Il est aussi connu pour un film, "Fitna", en 2008, qui a offensé les musulmans en juxtaposant des versets du Coran avec des images du terrorisme islamiste.

Source: http://tempsreel.nouvelobs.com

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