4 sept. 2010

La place de l'islam dans la ville, sujet de conversation pour une rupture de jeûne

PAR BARBARA FIRCOWICZ

Il est un peu plus de 20 h 30. L'heure est enfin venue de rompre le jeûne pour les musulmans présents dans la salle Richard-Lejeune de Roubaix. Avant cela, en toute discrétion, des hommes prennent place sur la scène de la salle des fêtes, tirent les rideaux noirs pour ne pas se donner en spectacle, et prient tranquillement. Ils se courbent et s'agenouillent, en choeur. Pas un bruit, ni même un murmure ne filtre. Pour un peu on n'aurait rien remarqué. Car, dans la salle, les invités, la municipalité et Roubaix Espérance, sont déjà là et discutent à bâtons rompus. Deux mondes cohabitent en paix, sans se gêner, sans s'indisposer. Un fait qui en dit plus sur les intentions que les discours convenus.

Né il y a deux mois, le collectif des institutions musulmanes de Roubaix avait « besoin de célébrer cette rupture du jeûne, de la partager avec l'ensemble de la municipalité », explique son actuel président Rachid Sahri. Nécessité d'enterrer la hache de guerre, même si tous se refusent à employer ce terme. Nécessité de réaffirmer qu'il n'y a pas d'antinomie à être musulman et citoyen. « Qu'il n'y a pas de défiance », précise également le maire René Vandierendonck.

Car la genèse du collectif remonte au mois de février au moment de la polémique autour du « Quick halal », de la « maladresse reconnue » du maire qui s'était opposé à ce qu'il estimait du communautarisme alors qu'il ne voulait « que défendre une liberté de choix à Roubaix ». Cet épisode a créé « un déclic », selon Rachid Sahri. Les jeunes ravis qu'on leur propose un « Quick halal » ont pris de plein fouet la réflexion de l'élu. Ils y ont entendu une absence de reconnaissance, un déni d'existence. « Nous avons condamné les propos , se souvient Rachi Sahri. L'onde de choc s'est étendue à pratiquement toute la communauté. La nécessité d'avoir une instance représentant la communauté » est devenue une évidence. Le collectif s'est alors constitué avec pour seul but de « répondre aux questions citoyennes ». Chaque institution reste indépendante dans le domaine spirituel. Un rapide coup d'oeil à la table disposée en U dans la salle des fêtes permet d'ailleurs de saisir cet espace, au sens littéral comme figuré, qui sépare les cinq mosquées. Mais dorénavant elles parlent d'une même voix avec la municipalité. « Quick halal aura au moins servi à ça », s'est réjoui le maire en s'adressant à la quarantaine de personnes présentes.

« Il nous a entendus et nous a vus, constate une nouvelle fois Rachid Sahri. C'est important car aujourd'hui, on a des générations de jeunes qui se reconnaissent pleinement citoyens ». Faire l'impasse sur tous ces Roubaisiens eut été une erreur. Tous le savent.

Source: http://www.lavoixdunord.fr

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