10 sept. 2010

ISLAMOPHOBIE ET ACTES ANTI-ISLAM – De Copenhague à Gainesville… : La face cachée de l’Occident

Le monde va-t-il vers un dialogue ou une guerre des civilisations ? Avec l’islamophobie qui gagne du terrain en Europe et aux Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001 et les discours de haine qui se font de plus en plus entendre, un peu partout dans le monde, il y a lieu de redouter un retour au Moyen-âge.

Surtout si le Dove World Outreach Center (Centre colombe pour aider le monde), une église américaine extrémiste, brûle samedi prochain en plein air, des copies du Coran devant ses portes à Gainesville, en Floride, pour marquer le 9e anniversaire des attentats contre les Tours jumelles de New York et faire du 11 septembre qui coïncide cette année avec la célébration de l’Aïd El Fitr, une journée internationale d’atteinte au Livre Sacré des musulmans.Barack Obama, Hillary Clinton, le général Petraeus, commandant des forces internationales en Afghanistan, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, le Vatican, l’Union européenne, la Ligue arabe, la Ligue du monde musulman, Al-Azhar, etc... ont mis en garde le président et le pasteur de cette église Andreas Yewangoe et Terry Jones qui ont invité d’autres églises à faire de même. Un tel acte pourrait créer des tensions dans le monde aux conséquences incontrôlables, leur disent-ils.

Peine perdue. Avec leurs « illuminés », ils comptent passer à l’acte. « Nous croyons fermement que c’est Dieu qui nous appelle à le faire », leur répondent-ils déterminés à ne pas renoncer à leur autodafé même s’ils n’obtiennent pas une autorisation officielle. Le pasteur, déjà auteur d’un pamphlet « Islam is of The Devil »(L’islam, c’est le diable) et « propriétaire » d’une tribune sur CNN où il déverse son fiel, leur dit même prendre « très au sérieux » leurs objections ! « Nous réalisons que cet acte pourrait en effet offenser (...) les musulmans. Mais nous estimons que le message que nous essayons de faire passer est bien plus important que le fait que des gens soient offensés. Nous croyons qu’on ne peut pas reculer devant les dangers de l’islam », explique-t-il. « L’islam et la charia sont responsables du 11-Septembre. Nous allons brûler des Corans car nous pensons qu’il est temps pour les chrétiens, pour les Eglises, pour les responsables politiques de se lever et de dire : non, l’islam et la charia ne sont pas les bienvenus aux Etats-Unis », dit-il.
La Maison Blanche qui estime que cet « idiot et dangereux » projet servira la propagande des talibans et d’Al Qaïda, renforcera le sentiment anti-américain dans le monde musulman - 200 hommes ont manifesté lundi soir à Kaboul aux cris de « Mort à l’Amérique » - et permettra à la branche populiste du Parti républicain de surfer sur l’islamophobie ambiante jusqu’au 2 novembre prochain pour détrôner les démocrates au Congrès, dit craindre pour ses troupes. Pour calmer la situation, le ministre américain de la Justice Eric Holder qui a déjà sur les bras la gestion de l’« explosive » Maison de Cordoue, un projet de centre islamique à 300 mètres de Ground Zero, le site des attentats de New York qui déchaîne les passions (71% des New-Yorkais ont contre ce projet) a reçu hier 16 associations religieuses toutes croyances confondues. Objectif : tenter d’empêcher d’éventuelles provocations et demander aux musulmans (1% de la population américaine) qui assistent impuissants à une islamophobie en marche, de ne pas riposter. Après les manifestations anti-mosquée qui ont été organisées dans le Tennessee, le Wisconsin et en Californie, il se trouve de plus en plus d’Américains pensant comme cette militante de Tea Party qui s’est confiée au New York Times : «J’ai appris que si les taux de natalité restent ce qu’ils sont, la population musulmane pourrait nous dépasser dans vingt ans ; ils veulent infiltrer le Congrès et la Cour suprême pour faire voter la Charia».
DES CARICATURES À L’AUTODAFÉ
Tout prête à croire que cette « islamophobie » montante ne s’arrêtera pas de sitôt. Depuis le 30 septembre 2005, date de la publication des caricatures au Danemark qui ont provoqué une tempête de protestations et de violents incidents dans plusieurs pays du monde musulman et les profanations du Coran par des soldats américains à Guantanamo, en Afghanistan et en Irak, il y a comme une surenchère. Dernière en date après l’autodafé annoncé pour ce samedi, la décision de l’Allemagne d’honorer le dessinateur danois Kurt Westergaard, le fameux auteur de caricatures en présence de la chancelière Angela Merkel pour « son engagement inflexible pour la liberté de la presse et d’opinion et son courage pour défendre les valeurs démocratiques malgré les menaces de violence et de mort » dont il est l’objet. Fera-t-elle autant pour Thilo Sarrazin l’auteur d’un brûlot qui a ciblé les 4 millions d’Allemands musulmans ? Selon un sondage récent, 17% des Allemands seraient prêts à voter pour lui s’il créait son propre parti politique. Markus Söder, le ministre bavarois de la Santé, n’a-t-il pas dit que « les crucifix ont leur place dans les salles de classe bavaroises, pas les foulards» ?
En France, en Angleterre en Autriche, en Italie, le discours est le même. Il est à l’instar de celui tenu cette semaine par ceux qui ont participé à un «apéritif républicain» dans l’Hexagone, pour marquer leur attachement aux valeurs républicaines et affirmer leur résistance au «péril islamiste» en France. Autant de faits qui donnent de l’eau au moulin pour ceux qui font l’amalgame entre la «guerre contre le terrorisme» et la guerre contre l’islam et qui donnent du fil à retordre pour ceux s’évertuent à expliquer qu’ériger la croisade du pasteur Jones en exemple de ce que sont les chrétiens aux Etats-Unis, c’est exactement comme confondre les terroristes islamistes avec tous les musulmans. En Occident comme en Orient, le temps de traquer les intégrismes est venu. A défaut…

Source: http://www.horizons-dz.com

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