12 févr. 2010

Les glaives de l’esprit (2/2)

On s’est interrogé lors de la première partie sur la source de la passion des livres chez les arabes au Xème siècle que Sigride Hunke considéra parmi les évènements les plus étonnants de l’histoire des civilisations.

Nous allons au cours de cet exposé essayer d’apporter quelques éléments de réponse à cette question.

La tradition islamique insiste sur la recherche de la connaissance, un mot qui revient à plus de 800 reprises dans le Coran. A cela s’ajoute une somme importante de références faites par le Coran aux phénomènes célestes et à la question de la création de l’univers.

Toutes ces références traduisent clairement une formule simple : « Plus tu sais, mieux tu crois ».

Cependant ceci ne semble pas expliquer directement la passion des livres chez les musulmans de l’époque. En revanche la raison idéologique la plus profonde de cette passion est me semble-t-il traduite par ce hadith du prophète sur lui bénédiction et Salut: « Nul d’entre vous n’atteindra les hauts degrés de la foi que si sa passion soit conforme à mon message ».

لا يؤمن احدكم حتى يكون هواه تبعا لما جئت به

Ce hadith traduit l’aspect « civilisateur » du message de l’Islam capable de transformer les passions des hommes en forces motrices du développement de la cité…

Etant donné que la science est parmi les bases du message de l’Islam, on peut dégager d’après ce hadith une nouvelle formule : « plus tu crois, plus tu aimes la science ».

En reliant cette formule avec la formule précédente (« Plus tu sais, mieux tu crois »), on peut comprendre le cheminement intellectuel (et spirituel) des musulmans de l’époque:

SAVOIR —->AUGMENTER SA FOI —-> AIMER LE SAVOIR —->SAVOIR


En outre, d’autres raisons ont bien contribué à cette passion :

* La langue arabe qui s’est forgée et qui s’est imposée comme un instrument de communication internationale : ce qui a facilité l’échange intellectuel et la transmission du savoir;

*Une société multiculturelle et de droits : ce qui a permis aux non musulmans et aux non arabes de contribuer à cette richesse intellectuelle surtout par la traduction des ouvrages perses, grecs et latins.

* Une volonté politique : qui s’est manifesté par l’encouragement des savants et des traducteurs et par la création des bibliothèques et des foyers scientifiques.

En conclusion, on pourrait estimer que les sources de la passion des livres chez les arabes du Xème siècle sont nombreuses et que leur étude est très importante non pas seulement pour la valorisation de notre patrimoine mais aussi car elle nous permet de nous rendre compte des causes profondes de la paresse intellectuelle qui nous envahit depuis quelques siècles.

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