15 sept. 2010

Un projet de loi qui "stigmatise une partie de la population"

Discuté ce mardi sur les bancs du Palais du Luxembourg, le projet de loi interdisant la "dissimulation du visage dans l'espace public" a vu les sénatrices Gélita Hoarau et Anne-Marie-Payet monter au créneau. L'occasion de rappeler au gouvernement les spécificités locales relatives au métissage et au "ciment commun" liant les Réunionnais.

Un projet de loi qui "stigmatise une partie de la population"

L'interdiction du port du voile en France risque fort de rencontrer des obstacles à son application à la Réunion. C'est visiblement le message qu'a fait voulu faire passer la Sénatrice Gélita Hoarau ce mardi au Sénat. Un message applaudi sur les bancs du groupe Communiste républicain citoyen (CRC).

"Ce projet de loi stigmatise une partie de la population"

Pour la parlementaire du Parti communiste réunionnais (PCR), la Réunion présente une identité métissée qui la positionne à l'écart de certaines lois émises par la majorité présidentielle. "Ce métissage fait que la Réunion a créé un ciment commun, qui tient à la langue créole et à un vivre ensemble spécifique" précisait Gélita Hoarau à ses homologues de l'UMP. "Parmi les religions, on compte le catholicisme, l'hindouisme et l'islam. La pratique apaisée de celui-ci nous a évité les débats sur l'intégration des musulmans" poursuivait-elle ce mardi au Sénat.

Partant du constat selon lequel la cohésion locale serait "menacée par le contexte social" et que la "région est au bord de l'explosion sociale", Gélita Hoarau a vivement critiqué un projet de loi mal perçu à la Réunion : "Ce projet de loi stigmatise une partie de la population, en raison d'une pratique extrêmement marginale et repoussée par presque tous nos concitoyens". Et d'ajouter que ce projet de loi associé à son "déploiement législatif" demeure "disproportionné et déraisonnable" après la promulgation de la Loi du 15 mars 2004. Laquelle encadrait, en application du principe de laïcité, "le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics".

En conséquence, la sénatrice réunionnaise s'est interrogée sur la mise en application de cette loi qui n'a "pas lieu d'être" dans le département d'Outre-mer qu'est la Réunion. Elle a donc refusé de participer au vote en guise de protestation.

"Une violence faite à la dignité de la femme, un déni d'égalité"

De son côté et dans un tout autre registre que Gélita Hoarau, Anne-Marie Payet n'a pas fait dans le détail. Selon la sénatrice du groupe Union centriste, le port du voile peut être comparé à un acte de violence faite aux femmes. "Je suis hostile au port du voile intégral, qui est une violence faite à la dignité de la femme, un déni d'égalité" indiquait-elle suite aux levées de boucliers de nombreux sénateurs contre le projet.

Pour la parlementaire réunionnaise, le port du voile "n'est nullement revendiqué par la majorité de la communauté musulmane" a t-elle poursuivi avant de mélanger les genres et d'évoquer, chose étonnante, une épître de Paul aux Corinthiens : "Le coran de l'impose pas, mais Saint-Paul a tenté d'imposer le port du voile aux femmes dans la première épitre aux Corinthiens où il dit 'l'homme n'a pas été créé pour la femme mais la femme pour l'homme; c'est pourquoi la femme doit avoir sur la tête la marque de la puissance de l'homme' il ne s'agissait cependant que d'un foulard" a t-elle déclaré dans l'hémicycle du Sénat.

Toujours est-il qu'elle n'a pas manqué de présenter cette loi comme un dossier "inutile" qui ne fera que "stigmatiser, marginaliser une communauté". Un dossier qui aurait du prendre en compte les spécificités et les solutions au "cas par cas" concluait hier Anne-Marie Payet qui a été la seule sénatrice à voter contre le projet de loi.

Source: www.zinfos974.com

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