5 août 2010

Mise en garde à la veille du Ramadhan L'islamophobie à la mode américaine

Par : Djamel Bouatta

Aux État-Unis, des voix mettent en garde à la veille du Ramadhan. Ce n’est pas nouveau, mais le phénomène antimusulman a pris de l’ampleur. On est loin du discours lénifiant d’Obama sur l’Amérique tolérante, lancé à El-Azhar. L’islamophobie y est à son zénith.

Somme de faits divers : à New York et à Miami, une campagne publicitaire sur les bus municipaux propose aux musulmans qui le souhaiteraient de “les aider à se convertir à une autre religion”. Cela prêterait à sourire si la campagne ne déferlait pas sur toute l’Amérique à l’initiative dont l’intitulé est en soi tout un programme antimusulman : Stop the islamisation of America.
Dans son acharnement à le combattre, l’association omet de signaler que l'islam n'est pas la seule religion à condamner l'apostasie. Si le catholicisme se contente aujourd'hui de vouer l'apostat aux flammes de l'enfer, il n'a pas toujours eu la main légère avec ses infidèles. Et dans le judaïsme, l’autre religion révélée, la Torah revendique toujours la lapidation pour ceux qui changent de religion. La campagne est revenue à la une des médias avec le projet de la “Cordoba House”, un centre communautaire islamique, comprenant théâtre, bibliothèque, piscine, gymnase et mosquée au cœur de New-York. Son site, une ancienne usine, se situe à moins de deux coins de rue de “Ground Zero”, le quartier où Al Qaeda a détruit les deux tours jumelles le 11 septembre 2001. Une publicité télévisée commanditée par la même association s'ouvre sur les mots “l'audace du djihad”, suivies des images des avions s'encastrant dans le World Trade Center et de corps tombant des tours. “Le 11 septembre, ils nous ont déclaré la guerre. Et pour célébrer le meurtre de 3 000 Américains, ils veulent construire une mosquée monstrueuse de 13 étages à Ground Zero. Cette mosquée est un monument à leur victoire. Et une invitation à d'autres”, vocifère le narrateur sur un ton menaçant. Le scénette a été conçue par le National Republican Trust PAC, une organisation vouée à “la perpétuation de l'héritage de Ronald Reagan”. Et pourtant, le promoteur de la mosquée, l'imam new-yorkais, Faiçail Abdul Raouf, est reconnu pour son travail en faveur de la coexistence des religions ! L’islamophobie est, à l’approche du Ramadhan, à son zénith aux États-Unis. La construction de centres islamiques ou de mosquées dans certaines municipalités, dont Murfreesboro dans le Tennessee ou Temecula en Californie, suscite également une vive opposition qui confine à l'intolérance ou à la haine.
En Californie, Stop the islamisation of America a fait défiler ses ouailles avec leurs chiens parce que les “musulmans haïssent les chiens” ! Et les protagonistes de l’islamophobie ne sont pas que de simples petits blancs de l’Amérique profonde. Ne craignant pas d'être associés à l'islamophobie ambiante ou de lui donner un vernis de respectabilité, plusieurs politiciens républicains, dont deux candidats potentiels à la Maison-Blanche, Sarah Palin et Newt Gingrich, ont exprimé leur opposition à la construction du centre communautaire musulman de New York. Le second, ex-président de la Chambre des représentants, a laissé entendre que les musulmans auront le droit de construire une mosquée près de Ground Zero lorsque les juifs ou les chrétiens pourront construire des églises et des synagogues en Arabie saoudite. Le candidat républicain au poste de gouverneur de l'État de New York, Rick Lazio, a promis de faire de la question le sujet central de son duel télévisuel avec son adversaire, le candidat démocrate, Andrew Cuomo. En Caroline-du-Nord, un candidat républicain à la Chambre des représentants a admis obtenir son élection de la mi-mandat dans sa circonscription rurale grâce à son islamophobie. La Ligue antidiffamation (ADL), la plus importante organisation de lutte contre l'antisémitisme et le racisme aux États-Unis, est derrière cette campagne. Aves les lobbys juifs, c’est un précieux appui aux islamophobes de tous acabits. À qui en fera le plus. Une église baptiste de Floride organise une “journée internationale pour brûler le Coran” à la date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Elle encourage d'autres églises à en faire autant, pour combattre “le démon de l'islam”. L'initiative est interprétée comme une manifestation de la hausse de l'islamophobie aux États-Unis. Selon le pasteur Terry Jones, qui organise cette manifestation, l'événement sert à montrer que l'islam et la charia ne sont pas les bienvenus aux États-Unis ! Ramsey Kilic, porte-parole du Centre pour les relations islamo-américaines, déplore l'augmentation de l'islamophobie dans l'ensemble des États-Unis. La nature systématique de l'islamophobie aux États-Unis a été couvée, soutenue et propagée par au moins trois catégories distinctes d'institutions américaines, dont les intérêts se soutiennent mutuellement et parfois se superposent. La première institution est le gouvernement fédéral sous la conduite de l'administration Bush et de sa vision du monde néo-conservatrice, qui a identifié dans l'islam politique le plus grand obstacle à l'instauration d'une hégémonie globale américaine dans l'ère post-guerre froide. La deuxième catégorie, ce sont de puissants groupes d'intérêt, en particulier certaines organisations conservatrices, tout comme think-tanks néo-conservateurs financés par des privés, qui sont profondément effrayés par l'Islam et les musulmans et voient l'islam, dans ses formes les plus répandues, la plus grande menace interne aux “valeurs américaines” vaguement définies et simultanément la plus grande menace globale aux intérêts clé de la politique étrangère américaine, comme l'état de guerre permanent et la sécurité de l'État d'Israël. La troisième catégorie est constituée par des médias, des télévisions, la presse radiophonique et écrite, Internet, l'industrie des films et téléfilms… L’islamophobie à la mode américaine, c’est aussi pour exorciser le mouvement de conversion qui prend forme aux États-Unis. Dans le tableau de chasse de djihadistes, hommes et femmes, que les services américains présentent régulièrement à l’opinion américaine, la part d’Américains de souche a pris le dessus. Place aux terroristes aux yeux verts, à la belle blonde…

Source: www.liberte-algerie.com

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