22 avr. 2010

En Europe, un voile intégral qui divise

Par Béatrice Leveillé

En France, le gouvernement souhaite faire adopter une loi qui interdirait le port du voile islamique intégral dans tous les lieux publics et cela très rapidement malgré les réserves exprimées par la plus haute juridiction administrative.En Belgique, c'est ce jeudi 22 avril 2010 que les députés devaient se prononcer sur ce sujet.

La vision du voile intégral peut choquer même les musulmans, reconnaît Vincent Geisser, chercheur au CNRS et auteur de plusieurs ouvrages sur la place des musulmans en Europe mais « en faire un problème central dans nos sociétés européennes, on peut dire qu’il s’agit d’une instrumentation politique » dit-il « alors qu’il s’agit d’un problème sectaire qui pourrait se régler avec les lois existantes ».

Le risque : faire de ces femmes dissimulées sous un voile des martyrs. Déjà les musulmans en Europe se sentent visés par ces propositions ou projets de lois.

En Belgique, une commission parlementaire s’est penchée sur le sujet. Bien que le voile intégral ne concerne qu'une infime minorité de la population musulmane en Belgique, le député Daniel Baquelaine, membre de cette commission et auteur de cette proposition de loi considère qu’il est malgré tout nécessaire de légiférer pour des raisons morales et philosophiques mais surtout pour des raisons sécuritaires. Il donne comme exemple un professeur qui, à la sortie de l’école, ne peut confier un enfant à une femme voilée.

Manque de concertation

Daniel Baquelaine, député du mouvement réformateur, affirme qu'il assume ainsi ses responsabilités face à un voile intégral qu’il perçoit comme un signe d'intégrisme et de domination de la femme, mais pour le parti des Verts, le parti écologiste, les visées des partisans de la loi sont plutôt électoralistes : « Le débat sur la burqa n’a qu’un seul objectif, de porter l’attention sur des problèmes qui peuvent être importants mais qui ne sont pas des problèmes prioritaires aujourd’hui en tout cas ».

Du côté de la communauté musulmane, on se dit surpris par la rapidité avec laquelle cette loi est débattue et on dénonce un manque de concertation avec les responsables de la communauté musulmane. Karim Chemlal, président de la Ligue des musulmans en Belgique, affirme que d’autres solutions auraient pu être envisagées et que les vrais problèmes sont plutôt la montée du chômage dans les quartiers populaires et la place des musulmans dans la société belge.

Les partisans de la loi se défendent de tout sentiment négatif vis-à-vis de l'islam. Cette loi risque cependant de rester symbolique et de ne jamais être appliquée. En France par exemple, les policiers vont-ils devoir interpeller les femmes du Qatar à leur atterrissage à Roissy, ou sur les marchés de la Seine-Saint-Denis ? La justice qui peine à faire son travail aura-t-elle le temps de se pencher sur ce type d’infraction ?

Des questions qui méritent d’être débattues avant l’adoption de la loi. En Belgique, la loi sera peut être adoptée mais un consensus est loin d’être trouvé.

Source : www.rfi.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire