30 nov. 2010

Musulmans et lutte antiterroriste en France : les aveux troublants de juges français


Si les relations franco-américaines apparaissent parfois tumultueuses, il est un domaine où la coopération ne faiblit pas : la lutte antiterroriste. Plusieurs documents diplomatiques américains révélés par le site Wikileaks depuis dimanche et publiés ce mardi 30 novembre dans le quotidien français Le Monde font état de cette bonne entente policière et judiciaire.

Ainsi, à plusieurs reprises, des juges français spécialisés dans la lutte anti-terroriste se sont rendus à l'ambassade américaine et ont évoqué des enquêtes en cours au mépris du secret de l'instruction. C'est le cas notamment des célèbres juges antiterroristes Jean-Louis Bruguière et Jean-Pierre Ricard. Les diplomates américains pointent surtout dans un télégramme du 17 mars 2005 l'originalité de la lutte antiterroriste française : les magistrats qui ont en charge les enquêtes liées au terrorisme « opèrent dans un autre monde que celui du reste de la justice ».
Ainsi à l'issue d'un entretien en mai 2005 avec le conseiller police du ministre de l'Intérieur de l'époque Dominique de Villepin, l'ambassade américaine note qu'en France « les critères de preuve pour conspiration terroriste sont bien plus faibles que ceux dans les autres affaires criminelles ». Toujours la même année, une note rapporte que Jean-François Ricard, le juge spécialisé dans la lutte antiterroriste, évoque le cas du franco-algérien Djamel Beghal, arrêté en 2001 et condamné à dix ans de prison pour avoir voulu organiser un attentat contre l'ambassade américaine à Paris. « Ricard dit que les preuves (contre lui et ses complices) ne seraient pas suffisantes normalement pour les condamner, mais il estime que ses services ont réussi grâce à leur réputation ».
Mais si les Américains semblent saluer l'action judiciaire française en matière de lutte anti-terroriste, ils regrettent dans ces mêmes mémos que Paris ne soit pas plus offensif à l'international, notamment le refus de la France de considérer le Hezbollah libanais comme une organisation terroriste. « La France semble souvent réagir différemment au terrorisme et à l'islam radical en fonction de la distance qui l'en sépare. Sur son territoire, le gouvernement français réagit pro-activement, avec vitesse et fermeté. Ailleurs dans le monde, c'est bien plus équivoque. Les considérations politiques et diplomatiques pèsent d'un poids considérable », est-il noté dans le télégramme du 17 mars 2005. En fait, cela concerne la période où Jacques Chirac était président de la République. Depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007, les choses ont évolué et la France s’est alignée sur les positions israéliennes concernant le mouvement libanais.
Et les diplomates américains sont encore plus sceptiques sur la gestion française de ses minorités musulmanes, qui semble selon eux favoriser l'installation d'un islamisme radical. La France « doit veiller à accorder une place aux musulmans dans l'identité française (qu'ils soient des immigrés de la première génération, leurs enfants de la seconde ou de la troisième génération, ou un nombre croissant de convertis) », indique une note du 17 août 2005. Les diplomates américains soulignent à ce sujet deux préoccupations : le poids des convertis et la situation dans les prisons françaises. Selon une estimation avancée par les diplomates, 50% des détenus en France seraient musulmans.

Source: www.tsa-algerie.com/

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